Cela faisait de longs mois que le gouvernement fédéral et Engie (fournisseur d’énergie) étaient en négociation afin de prolonger les réacteurs nucléaires Tihange 3 et Doel 4. Ce jeudi 29 juin, les deux parties ont signé un accord intermédiaire (l’accord définitif doit être signé fin juillet). C’est donc acté: Tihange 3 et Doel 4 seront bien prolongés au-delà de leur date de fermeture initialement prévue, en juillet et septembre 2025. Mais pourquoi cet accord ?

Risque de coupures

La Belgique est actuellement dans une politique de fermeture définitive de ses centrales nucléaires. L’objectif, à terme, est de se passer de l’énergie nucléaire au profit d’énergies plus propres, comme les énergies renouvelables (panneaux solaires, éoliennes, etc.).

Notre pays possède deux centrales nucléaires: Doel (province d’Anvers), en Flandre, et Tihange (province de Liège), en Wallonie. Doel possède quatre réacteurs et Tihange en possède trois.

La sortie du nucléaire en Belgique était acté pour 2025. Celle-ci devait se faire en trois étapes. En 2022, Doel 2 est le premier réacteur a avoir été mis à l’arrêt. Tihange 2 a ensuite suivi en 2023. En 2025, les cinq derniers réacteurs devaient aussi être mis à l’arrêt, entre février et décembre. Cela restera bien le cas pour Tihange 1, Doel 1 et Doel 3. Mais, Tihange 3 et Doel 4 bénéficieront, eux, d’une prolongation de vie…

La raison ? Des rapports ont été réalisé afin d’évaluer l’approvisionnement en énergie en Belgique après l’arrêt des derniers réacteurs nucléaires, soit pendant l’hiver 2025-2026. À la base, il y avait très peu de raisons de craindre un manque d’électricité, même sans production nucléaire belge.

Mais, avec l’apparition de la guerre en Ukraine, la crise énergétique et l’indisponibilité d’une bonne partie du parc nucléaire français (dont la Belgique est cliente), il est apparu qu’il existait bel et bien un risque de black-out pour notre pays. En se passant totalement de ses centrales nucléaires, la Belgique a un risque trop important de coupures d’électricité pour alimenter foyers, entreprises, espaces publics, etc.

Jusqu’en 2036

Pour résoudre le problème, il a donc été convenu de prolonger de dix ans la durée de vie des deux réacteurs les plus récents. Cela veut dire que la sortie définitive du nucléaire dans notre pays ne se fera pas avant 2036, année où Tihange 3 et Doel 4 devraient être mis à l’arrêt.

L’accord conclu entre le gouvernement belge et Engie stipule (explique) que les deux réacteurs doivent d’abord subir des travaux de mise aux normes, ce après quoi ils redémarreront dès novembre 2026 ou novembre 2025, dans le meilleur des cas.

Élimination des déchets

L’autre gros point de l’accord conclu concerne le coût de l’élimination des déchets nucléaires. Celui-ci est de 15 milliards d’euros ! Qui payera la facture ? Ce sera finalement Engie. Elle devra s’acquitter du montant en deux fois. Une première tranche sera à verser à l’été 2024. La deuxième tranche devra être payée « lors du début des opérations à long terme ». Après, c’est tout ! Si la facture augmente encore par après, ce ne sera pas à Engie mais au gouvernement fédéral de mettre la différence.