Accueilli par les élèves de 6e primaire de l’école  Don Bosco à Liège, Dirk Frimout parle de son rôle à bord d’Atlantis. Lors de ce voyage dans l’espace, il avait une mission scientifique.

Pourquoi faire des expériences scientifiques loin de la Terre ?

Ici, au sol, quand j’ai quelque chose en main et que je le lâche, ça tombe par terre. On peut marcher sur le sol, parce qu’il y a la gravité, la force qui nous attire vers la Terre. Ce n’est pas toujours optimal pour les sciences. Il y a des choses qu’il faut vérifier sans gravité. Alors on va dans l’espace.
Nous, on était à 300 km de la Terre, c’est pas loin, par rapport à l’Univers. À cette distance, la gravité est de 9/10 de celle de la Terre. Alors, comment ça se fait qu’on flotte ? Vous savez qu’on tourne autour de la Terre. Et quand on tourne à une grande vitesse de 7,8 km/seconde — ça fait à peu près 28 000 km/h — la force centrifuge est aussi grande que la gravité, mais en direction opposée. Alors, la somme des deux est zéro. Donc, on est en apesanteur et on flotte. On peut ainsi faire beaucoup d’expériences qu’on ne peut pas faire ici.

Quels étaient vos passe-temps dans l’espace ?

Chaque jour, on avait 12 heures de travail, 8 heures pour dormir et 4 heures pour ce qu’on voulait. Les premiers jours, on était très occupés par nos expériences. Après, on a eu un peu de temps libre. Et tous les astronautes, quand ils ont du temps libre, ils regardent la Terre. On faisait le tour de la Terre en une heure et demie. Et on était une heure avec la lumière du Soleil puis une demi-heure de nuit. On regardait. On avait aussi pu emmener de la musique enregistrée sur des bandes ou des CD. J’avais demandé à mes enfants et mon épouse de me préparer des CD que j’ai écoutés. Ils ont d’ailleurs toujours ces CD, que j’ai écoutés dans l’espace.

EdA / M. Golinvaux

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

C’est une passion. J’avais 16 ans quand le premier satellite a été lancé, Spoutnik. J’avais une radio où je pouvais écouter le bruit de Spoutnik, le bip bip. Pendant quatre jours, j’ai écouté tout le temps ce bip bip. Un an après, il y a eu l’exposition universelle de Bruxelles et je suis allé dans le pavillon russe pour voir un modèle de Spoutnik. Après, j’ai toujours été intéressé. Et j’ai beaucoup étudié. J’étais ingénieur et j’ai été spécialiste de l’atmosphère, la couche de gaz qui entoure la Terre. Je travaillais sur des expériences à faire dans l’espace et puis j’ai entendu qu’on allait envoyer des hommes dans l’espace pour faire ces expériences. J’ai tout de suite pensé « c’est quelque chose pour moi ». J’ai regardé les critères médicaux, scientifiques, psychologiques, et je me suis posé comme candidat.

Avez-vous des conseils pour les jeunes qui voudraient devenir astronautes ?

Il faut s’intéresser beaucoup à l’espace, à ce qu’on y fait. Puis, il faut entretenir sa condition physique. Quand il y a des sélections, la première chose qu’ils font, c’est un examen médical et environ 50 % ne remplissent déjà pas tous les critères imposés. Il faut se rendre compte de ses talents et aussi avoir beaucoup de patience. J’ai été dans l’espace quand j’avais 51 ans. Ça faisait 30 ans que je faisais de la recherche spatiale, que je m’informais et que je soignais ma condition physique. L’année passée, l’Agence Spatiale Européenne a fait une nouvelle sélection. Ils avaient 23 000 candidats et ils devaient choisir quatre astronautes seulement  ! Mais si vous êtes bien, si vous avez des connaissances scientifiques et que vous en avez envie, il faut se préparer et poser sa candidature. Il faut au moins essayer.

EN SAVOIR PLUS

Dirk Frimout, 81 ans, est le premier Belge à avoir été dans l’espace. Sa mission a eu lieu du 24 mars au 2 avril 1992 à bord de la navette américaine Atlantis. Il était accompagné de six astronautes américains.

L’autre astronaute belge s’appelle Frank De Winne. Il est parti deux fois dans l’espace. Sa première mission a eu lieu il y a bientôt 20 ans, du 30 octobre au 10 novembre 2002. Il a rejoint la station spatiale internationale à bord d’un vaisseau spatial russe Soyouz. Il est retourné à bord d’ISS pendant six mois, du 27 mai au 1er  décembre 2009. Frank de Winne est maintenant à la tête du Centre européen des astronautes à Cologne (Allemagne).

EdA / M. Golinvaux