Jonas Gerckens est Liégois. C’est un skipper, c’est-à-dire qu’il dirige un voilier de compétition. Ce dimanche 6 novembre à 13h02, il participera à la Route du Rhum, une course de voiliers. Il sera aux côtés de 137 autres skippers pour rejoindre Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Le départ se fait de Saint-Malo en France. Au total, six catégories de bateaux participent à la course. Le bateau de Jonas Gerckens fait partie de la catégorie Class40.

Vous êtes originaire de Liège, comment avez-vous découvert l’univers de la voile ?

Quand j’étais petit, mes parents ont construit un bateau. Nous sommes partis de Liège par la Meuse, jusqu’au Sud de la France pour voyager en Europe. J’ai vécu de mes 2 à 6 ans dans un bateau. J’ai appris à être à l’aise sur l’eau.

Quand avez-vous découvert la Route du Rhum ?

Enfant, j’ai vécu plusieurs années à Saint-Malo intra-muros (une partie de la ville de Saint-Malo est entourée par des remparts, c’est la partie que l’on appelle intra-muros). J’ai assisté à ma première Route du Rhum en 1986. Ça m’a fait rêver !

De quelle manière êtes-vous devenu skipper ?

J’ai commencé à apprendre la voile à l’école. Ensuite, je suis allé à l’école des Glénans. Il y avait par exemple des chantiers où l’on apprenait à réparer des voiles. J’ai appris à devenir moniteur de voile.

Dans ma famille, on aime la compétition, au bout d’un moment, j’ai voulu monter mes projets persos. Je suis parti m’entraîner à Lorient, en France, là où se trouvent les meilleurs skippers.

Il y a une préparation particulière pour des courses comme la Route du Rhum ?

Bien sûr. On travaille la météorologie (la science qui étudie la météo), on apprend à savoir réparer des choses seul. On travaille aussi notre sommeil avec des médecins. Pendant la course, on ne dort que 5 heures par jour avec des siestes de 20 à 30 minutes. Il ne faut pas laisser le bateau seul, c’est une question de performance.

Comment vous vivez la solitude de la course ?

Je suis sociable à terre, mais plus solitaire en mer. Là-bas, il y a toujours des hauts et des bas. Parfois, on pleure quand on casse quelque chose ou bien on est très heureux quand on navigue avec des dauphins.

Les bateaux de la Class40 mettent environ 16 jours à réaliser la traversée. Tout ce temps, le skipper ne reçoit aucune aide, il doit tout gérer seul. (©Benjamin Sellier)

Vous avez des enfants, comment restez-vous en contact avec eux ?

Lorsque j’étais en classe mini (une catégorie de bateaux de maximum 6,5 mètres), je n’avais pas de moyen de communication. Mes enfants y sont habitués depuis qu’ils sont petits. Ils pouvaient suivre mon bateau grâce à ma balise de fonctionnement. Maintenant que je suis en Class40, j’ai un téléphone satellite mais le forfait est plus cher en mer que sur terre. La première fois que je les ai appelés, ils se sont inquiétés. Ils pensaient que j’avais dû faire une escale à cause d’un problème.

En 2018 vous participiez à votre première Route du Rhum. Comment s’était déroulée l’aventure ?

C’était un rêve de gosse qui se réalisait. C’était émouvant, mes amis d’enfance étaient là, au départ. Je suis arrivé à la 14ème place de ma catégorie.

Au début de la course, il y a eu trois tempêtes à suivre. J’ai dû faire escale au Portugal à cause d’un problème de batterie. J’étais alors 21ème. Ensuite, mon safran (une partie du bateau qui lui sert à être dirigé) s’est cassé en plein milieu de l’Atlantique. Finalement, pas loin de l’arrivée j’ai remonté dans le top 15, à une minute de différence avec un autre candidat.

Le départ a lieu dans quelques jours. Vous êtes déjà à Saint-Malo. Qu’y faites-vous ?

J’ai des rendez-vous avec des partenaires, des briefings (des réunions) avec mon équipe, je réponds à des journalistes. Il y a aussi des présentations au public. Il y a beaucoup d’échanges avec lui, de séances de signatures. Il faut en profiter !

À quoi ressemble le bateau de Jonas ?

Tu peux cliquer sur les balises oranges pour en savoir plus sur le bateau de Jonas. (©Benjamin Sellier)

Quels sont vos objectifs pour cette Route du Rhum ?

Le premier objectif est de terminer la course. J’aimerais finir dans le top 10 de ma catégorie, la Class40. Nous sommes 55 à faire partie de cette catégorie. C’est la classe (la catégorie) la plus représentée. Cette année, il y a une vingtaine de bateaux neufs. En 2018, il n’y en avait que 7 ou 8.

Et que préparez-vous pour la suite ?

En 2023, je vais reparticiper à la Transat Jacques-Vabre (une traversée de l’Atlantique en binôme). Je prépare aussi un tour du monde en Class40.

En savoir plus :

La Route du Rhum est une course transatlantique (qui traverse l’Océan Atlantique). C’est une traversée en solitaire, en voilier, qui se fait entre Saint-Malo, en France, et la Guadeloupe, une île des Caraïbes. Ça représente plus de 6 000 km !

La première édition a eu lieu en 1978. Depuis, la course a lieu tous les quatre ans. Cette année, c’est la 12ème édition. En fonction des catégories de bateaux, la traversée dure en général entre 7 et 16 jours.