Le Russe Alexeï Navalny peut se réjouir : la Russie vient d’être condamnée ce mardi par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour l’absence d’enquête sur son empoisonnement en 2020. Retour sur les faits et sur ce que risque réellement le pays…

Alexeï Navalny est un ancien avocat et l’un des principaux opposants au régime du président russe Vladimir Poutine. Il se bat depuis de très nombreuses années maintenant. Contre la manière dont est dirigé le pays, et la corruption des élites, c’est-à-dire, les actions malhonnêtes de ceux qui ont le pouvoir en Russie. Bien sûr, cette opposition farouche à la politique de son pays dérange… Ainsi, depuis qu’il mène ce combat, il a été accusé, arrêté, perquisitionné (fouilles de son domicile) et condamné à plusieurs reprises.

Navalny a-t-il été empoisonné ?

En août 2020, alors qu’Alexeï Navalny se rend en avion à Moscou (capitale russe) depuis la ville de Tomsk en Sibérie (région du nord-est de la Russie), il est victime d’un malaise. Son état est grave et préoccupant. Et il est hospitalisé en urgence dans un hôpital de Sibérie où il tombe dans le coma.

Son entourage pense immédiatement à un empoisonnement. Mais les médecins russes qui l’ont examiné excluent cette possibilité. Il est transféré dans un hôpital en Allemagne. Les tests effectués par les médecins allemands révèlent d’autres résultats… Le gouvernement allemand et l’Union européenne demandent alors à la Russie de faire toute la lumière sur cette histoire. Et de mener l’enquête sur un empoisonnement présumé. Ce qui n’est pas fait.

Le 2 septembre de la même année, l’Allemagne annonce avoir des preuves d’un empoisonnement à une substance de type Novitchok, un produit développé à des fins militaires par l’ex-URSS… Ces conclusions sont confirmées par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en octobre.

Retour en Russie

En janvier 2021, alors qu’il est sorti de l’hôpital depuis le 22 septembre, il retourne en Russie. Mais il est immédiatement arrêté et emprisonné pour une condamnation datant de 2014. Il devra rester deux ans et huit mois en prison. Sa peine est cependant réduite d’un mois après un appel en justice (une demande pour obtenir un autre jugement). Malgré une grève de la faim qui met en danger sa santé, la Russie ne change pas son fusil d’épaule par rapport à Navalny.

En mars 2022, l’opposant russe est condamné à une nouvelle peine de prison de neuf ans. En 2023, il est menacé d’un nouveau procès, pour « extrémisme » cette fois. Pour Alexeï Navalny, il s’agit d’une tentative du pouvoir russe de le maintenir en prison à vie.

La Russie condamnée pour l’absence d’enquête dans l’empoisonnement de Navalny

Alexeï Navalny a obtenu ce mardi 6 juin la condamnation de la Russie par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Pour « l’absence d’enquête effective » sur son empoisonnement en 2020.

Les juges ont condamné la Russie à verser 40 000 euros à l’opposant russe. Ils estiment en effet que la vie d’Alexeï Navalny a été gravement mise en danger dans des circonstances suspectes. Ce qui obligeait la Russie, en vertu du respect des droits de l’homme, à mener une enquête.

Même si la Russie a été exclue en 2022 de la CEDH à la suite de l’invasion de l’Ukraine, elle peut encore être saisie par la Cour pour des faits commis avant cette date. Malgré cette condamnation cependant, rien n’oblige réellement la Russie a exécuter cette sanction.