Que se passe-t-il au Pérou? Depuis plusieurs semaines, le pays est touché par de violentes manifestations. Les manifestants réclament le changement immédiat des politiques à la tête du pays. Une cinquantaine de personnes ont perdu la vie depuis début décembre.

Le tourisme (et donc la santé économique du pays) est impacté par ces manifestations. Pourquoi ont-elles lieu? Pour comprendre, il faut remonter plusieurs semaines en arrière.

Destitution du président péruvien Castillo

La crise politique au Pérou a véritablement éclaté le 7 décembre 2022. Ce jour-là, une procédure de destitution (le fait de priver quelqu’un de sa fonction) concernant le président Pedro Castillo devait être discutée au Congrès. Les membres de cette assemblée politique affirmaient qu’il n’était pas en capacité de diriger le pays. C’était la troisième fois que les débats autour d’une procédure de destitution à son encontre devaient être entamés depuis son accession au pouvoir en juillet 2021. Le chef d’État a alors tenté de dissoudre le Congrès, c’est-à-dire d’organiser de nouvelles élections. Mais ça n’a pas fonctionné.

Pedro Castillon est accusé d’avoir voulu faire un « coup d’État » et a donc été destitué et a été arrêté. Il est poursuivi, entre autres, pour rébellion. Il risque 10 ans de prison.

Des manifestations contre la destitution du président

Suite à la destitution du président Castillo, c’est Dina Boluarte, jusqu’alors vice-présidente, qui est investie à la tête du pays. Une partie de la population péruvienne est directement descendue dans les rues pour manifester son mécontentement. Elle souhaite la démission de Dina Boluarte et le retour de Pedro Castillo. Lors des manifestations, des violences éclatent rapidement. Après quelques jours, on décompte déjà deux morts.

Face au mécontentement de la population, Dina Boluarte propose une première fois d’avancer les élections initialement prévues en 2026 à avril 2024. L’état d’urgence est décrété dans les régions où les violences sont le plus fortes, donnant du pouvoir à l’armée. La situation ne s’apaise pas, que du contraire. Des manifestants bloquent des routes, un aéroport, l’accès à certains sites touristiques, comme le Machu Picchu.

Une semaine après le début de la révolte, Boluarte propose d’avancer encore les élections, à décembre 2023 cette fois. L’état d’urgence est décrété pour 30 jours dans tout le pays.

Le Congrès péruvien refuse les élections en 2023

Le 20 décembre 2022, soit près de deux semaines après le début de la crise politique, le Congrès péruvien décide d’avancer les élections à avril 2024. Les manifestations se calment pendant les fêtes de fin d’année mais elles reprennent de plus belle début janvier. Le 14 janvier, l’état d’urgence est prolongé pour 30 jours à Lima (capitale et plus grande ville du Pérou) et plusieurs autres régions. Le 28 janvier, le Parlement rejette une nouvelle proposition de Dina Boluarte d’avancer les élections à fin 2023. Après trois jours de débats et de tergiversations, un troisième refus tombe le 1er février. Que va-t-il se passer désormais?

Une cinquantaine de personnes ont déjà perdu la vie dans les violentes manifestations depuis début décembre. Les manifestants ont affirmé qu’ils ne s’arrêteraient pas avant d’avoir obtenu la démission de Boluarte. Selon une enquête de l’Institut d’études péruviennes, 73% des Péruviens réclament des élections cette année.