Peut-être te souviens-tu que le 16 septembre dernier, en Iran, une jeune femme de 22 ans avait été arrêtée violemment par la police car son foulard était mal ajusté ? Plus exactement, ses cheveux dépassaient de son foulard (hijab). Elle s’appelait Mahsa Amini. Trois jours après son interpellation brutale, elle est décédée.

Depuis lors, dans ce pays du Moyen-Orient, la colère ne se tait plus. Ce soulèvement populaire n’est pas du goût des autorités iraniennes.

Des condamnations à la peine de mort pour effrayer la population iranienne

L’ONU (organisation qui défend la paix dans le monde) et les organisations de défense des droits humains ont compté que, depuis le 16 septembre, il y a eu quelque 15 000 arrestations. Et près de 500 manifestants ont été tués par les forces de sécurité en Iran.

Dimanche, le 8 janvier, la justice a condamné quatre Iraniens à des peines allant de 1 à 10 ans de prison pour avoir notamment incité à la grève lors du mouvement de contestation lié à la mort de Mahsa Amini. C’est la première fois que la justice annonce des condamnations pour incitation à la grève lors des protestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini.

Au total, au moins 14 condamnations à la peine capitale (donc à mort) ont été prononcées depuis le début de la révolte, 4 ont déjà été exécutées.

Ce 10 janvier, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a déclaré que « Téhéran (donc l’Iran) utilise les condamnations à la peine de mort contre des manifestants pour effrayer la population iranienne et faire taire la contestation, ce qui confine au meurtre d’Etat ».

En Iran, on n’a pas le droit de critiquer les dirigeants

En avril, cela fera 44 ans que l’Iran est devenue une République islamique, cela veut dire que la religion (l’islam) y occupe une place centrale.

Contrairement à la plupart des républiques, le chef de l’Etat iranien n’est pas le président de la République mais le Guide suprême. Il s’appelle Ali Khamenei. Il a le titre d’ayatollah, c’est le titre le plus élevé dans le clergé dans l’islam chiite (une des branches de l’islam, la religion des musulmans).

Ali Khamenei, le Guide suprême. AFP

Il est donc le plus haut responsable politique et religieux du pays. C’est lui qui dirige l’État. Il n’est pas élu par le peuple mais désigné à vie par l’Assemblée des experts composée de religieux. En dessous de l’ayatollah, un président, élu tous les quatre ans par les Iraniens, est à la tête du gouvernement. Depuis août 2021, c’est Ebrahim Raïssi.

Le poids du religieux est donc très grand en Iran. Et l’interprétation qui est faite des lois religieuses est très stricte. Certains parlent même de la dictature des mollahs (Un mollah est un érudit musulman en Iran).

Après la mort de Mahsa Amini, des manifestants ont réclamé l’abolition (suppression) de la République islamique, la séparation entre pouvoir politique et spirituel. La seule réponse du pouvoir a été la répression (arrestations, coups de force, condamnations…).

Un pouvoir iranien qui pourrait se diviser ?

Certains signes semblent montrer qu’au sein du pouvoir, les avis divergent (sont différents) sur la façon de mettre fin à la contestation. Des ayatollahs et des responsables politiques ont dit que le peuple pouvait critiquer ses dirigeants. Mais ils ont reçu des menaces par courrier. Le pouvoir affaibli devrait donc pouvoir survivre à la contestation.

Et ce 10 janvier, l’Autorité judiciaire iranienne a annoncé qu’elle veut faire appliquer de nouveau une loi prévoyant de sévères sanctions, comme l’exil, pour les personnes qui ne respecteraient pas l’obligation du port du voile. Des médias iraniens ont rapporté que, depuis quelques jours, la police avait recommencé à surveiller le port du hijab dans les voitures, envoyant un texto au propriétaire de la voiture en cas de non-respect du voile par la femme la conduisant, sans pour autant menacer de sanctions.

A nouveau, toute femme qui ne porte pas le voile risque d’être arrêtée et présentée devant la justice.

L’indignation internationale grandit

La communauté internationale s’indigne de ce qui se passe en Iran, notamment les dernières exécutions de manifestants.

Le 6 janvier, une vidéo de soutien aux Iraniens s’est répandue sur les réseaux sociaux. Plus de 50 personnalités, surtout du monde du cinéma, ont pris position contre l’emprisonnement et les exécutions de manifestants iraniens.

Sur Instagram, on retrouve différentes personnalités notamment les actrices Marion Cotillard et Cate Blanchett ainsi que l’acteur Bryan Cranston. Sur les pancartes, on peut lire « Arrêtez les exécutions en Iran »