Des manifestants qui crient « Mort au dictateur! » Des Iraniennes qui postent, sur les réseaux sociaux, des vidéos les montrant en train de se couper les cheveux ou de brûler leur hijab (foulard). Des footballeurs, des réalisateurs et acteurs de cinéma, des étudiants… qui crient leur colère et réclament à la fois la vérité et des changements. Que se passe-t-il en Iran?

Qui est Mahsa Amini?

Mahsa Amini était une jeune femme de 22 ans, qui venait du Kurdistan iranien, une province du nord-ouest du pays.

Le 13 septembre, elle était à Téhéran, la capitale iranienne, avec des membres de sa famille. C’est là qu’elle a été arrêtée par la police des moeurs iranienne. Peu après, elle a été emmenée à l’hôpital. Elle est morte trois jours plus tard, le 16.

La police des moeurs, qu’est-ce que c’est?

Le rôle de cette police, c’est de faire respecter les lois qui concernent les « bons comportements » et « la bonne manière de s’habiller » lorsqu’on est dans l’espace public (en dehors de sa maison). Il semble que Mahsa Amini a été arrêtée parce que le voile qu’elle portait sur la tête ne cachait pas tous ses cheveux.

Cacher tous ses cheveux?

Depuis 1979, l’Iran est une république islamiste. Nous en avions parlé dans cet article, en 2019.

Depuis, des règles de vie très strictes y sont imposées, liées à l’interprétation que les dirigeants religieux iraniens, des ayatollahs, font des textes sacrés de leur religion, l’Islam chiite.

Des lois obligent les femmes à porter un hijab, un voile, qui couvre leurs cheveux et leur cou. Il est aussi interdit aux femmes de porter des manteaux trop courts (au-dessus du genoux), des pantalons serrés, des jeans troués ou des vêtements de couleurs vives, par exemple. Ces règles concernent les filles dès l’âge de 7 ans.

Pour les dirigeants iraniens et pour une partie de la population, ne pas respecter ces règles, c’est choquant, honteux, immoral, et c’est un manque de respect pour l’Islam.

Qu’est-il arrivé à Mahsa Amini?

Selon la police, Mahsa Amini a fait un malaise cardiaque et cérébral, et cela sans contact physique de la part de la police. Mais beaucoup pensent que la jeune fille est morte suite à des violences policières.

Une enquête a été ouverte officiellement, et on annonce qu’elle devrait prendre trois semaines. Mais on est en droit de se demander si cette enquête sera honnête et si elle fera connaître la vérité.

Des protestations

La mort de Mahsa Amini a bouleversé la population iranienne. Des joueurs de foot de l’équipe nationale, ou encore des cinéastes et des acteurs iraniens très connus, ont exprimé leur indignation. Des manifestations ont lieu dans des universités et plusieurs villes du pays. Parmi les manifestants, des femmes retirent leur foulard et le font tourner au-dessus de leur tête.

Les réseaux sociaux, quand ils ne sont pas coupés par les autorités, diffusent des vidéos montrant des Iraniennes qui se coupent les cheveux ou brûlent leur hijab, en signe de protestation.

Des opposants réclament la suppression de la loi sur le hijab et la dissolution de la police des moeurs. En 2017, déjà, des Iraniens exprimaient ces demandes.

La situation en Iran

En Iran, les femmes vivent dans des conditions difficiles. La pression sur elles est énorme et leurs droits ne sont pas respectés. Elles peuvent être injuriées en rue, frappées, perdre leur travail ou ne pas pouvoir entrer dans un commerce, une administration ou un aéroport parce qu’elles sont « trop maquillées » ou « mal habillées ».

Mais les droits humains ne sont pas respectés de façon générale. Des personnes se retrouvent en prison sans pouvoir se défendre en justice de façon équitable (juste). Elles y sont souvent torturées ou mal traitées. Certaines sont condamnées à mort. Des manifestants sont mis sous pression et emmenés en prison. Des gens disparaissent (sont arrêtés en secret) ou sont exécutés. Des gens appartenant à un peuple minoritaire (peuple qui n’a pas les mêmes origines que la plupart des Iraniens), ou des personnes qui ont une religion différente, sont tués…

En Iran et à l’étranger, des personnes tentent de faire changer les choses. Sans succès pour le moment.