On a toujours pensé que l’être humain ne pouvait vivre au-delà de 5000 m. C’est vrai que certains sportifs ou passionnés de montagnes se lancent dans l’ascension du mont Everest, qui culmine à 8849 m dans l’Himalaya. S’ils réussissent ce genre d’exploits sans oxygène, leur séjour ne s’éternise pas: il s’agit de quelques heures ou jours à pareille altitude.

A La Rinconada, les gens vivent, travaillent, grandissent… en respirant un air contenant deux fois moins d’oxygène que le nôtre ! Comment ? Une équipe de chercheurs français se penche sur ce phénomène depuis 2018. Son but ? Comprendre comment cette population s’adapte à ces conditions de vie extrêmes.

Le rôle des globules rouges

Dans notre sang, il y a notamment des globules rouges. Ce sont ces globules qui assurent le transport de l’oxygène dans le sang. Comme les habitants de La Rinconada vivent avec un air qui contient peu d’oxygène, leur corps compense. Comment ? En fabriquant d’énormes quantités de globules rouges. Le souci, c’est que cette quantité importante de globules rouges épaissit le sang.  

https://expedition5300.com/la-riconada/

Les chercheurs estiment que cette quantité de globules rouges est doublée chez ces habitants ! Or un sang épais augmente le travail du coeur.

Pourquoi cette population s’est-elle installée là ?

Car il y a de l’or. On estime que ce lieu serait à l’origine de 5% de la production d’or du Pérou. Les conditions de travail dans les mines sont pénibles et s’ajoutent à celles imposées par l’altitude. Dans cette ville, il n’y a aucun ramassage des déchets et pas d’eau courante. De plus, le mercure, utilisé pour purifier l’or, contamine le glacier qui sert de source d’eau.    

Mais comment ces habitants résistent-ils ?

Les chercheurs pensent qu’ils ont été façonnés par leur passé. La plupart des habitants sont originaires des hauts plateaux andins, qui culminent entre 3 500 et 4000 m. Des générations avant eux ont donc vécu dans ces conditions particulières et s’y sont adaptées. Ils auraient donc hérité génétiquement de cette capacité adaptative.

Mais cela a des limites. Un quart des habitants développent quand même des soucis de santé. Ils souffrent de maux de tête, d’acouphènes (sifflements dans les oreilles), de problèmes de circulation aux extrémités des bras et des jambes…

La population vit dans un lieu coincé entre des glaciers (photo: Expedition5300).

Le projet d’Expédition 5300

Ces chercheurs français font partie d’un projet baptisé Expédition 5300. Ils sont à la fois présents à La Rinconada pour étudier le phénomène de la vie dans des conditions extrêmes et apporter des soins à ceux qui en ont besoin.

Cette année, ils ont examiné près de 250 personnes et leur ont prodigué des soins aux yeux. Car à 5300 m d’altitude, les rayons du soleil sont davantage dangereux. Ils espèrent aussi réussir identifier un traitement efficace et accessible contre le mal des montagnes dont souffre une partie de la population.

Les chercheurs ne peuvent rester longtemps sur place. Au bout d’un mois, leur corps ne supporte plus ces conditions de vie extrêmes !