Jean-Pascal van Ypersele, climatologue à l’UCLouvain, a été vice-président du GIEC (groupe intergouvernemental d’experts en climat) de 2008 à 2015. Invité du JDE dans une classe de l’Institut Notre-Dame des Hayeffes, à Mont-Saint-Guibert (Brabant wallon), il a répondu à des questions sur le réchauffement climatique. Voici un extrait de cette rencontre en vidéo, et un autre extrait en texte.

Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique ?

Elles sont multiples. La quantité de glace à la surface du globe diminue. Cette glace qui fond ajoute de l’eau à l’océan et cela contribue à élever le niveau des mers, qui a déjà monté d’une vingtaine de centimètres depuis un siècle. Cela a des conséquences pour les personnes qui habitent près des côtes, qui vont se retrouver inondées. Il y a aussi des effets sur la santé humaine, parce que les températures extrêmes deviennent plus faciles à observer. Pendant l’été 2020, par exemple, il y a eu quelques jours de températures proches de 40 degrés en Belgique et 1400 personnes sont mortes chez nous à cause de ces chaleurs extrêmes. Un autre phénomène, ce sont les pluies très fortes dont on a vu les effets chez nous l’été dernier… Pourquoi ces pluies abondantes ? Parce que comme il fait plus chaud, l’eau des lacs, des mers et des rivières s’évapore plus dans l’air et cette vapeur d’eau monte, forme des nuages et finit par retomber en pluie. S’il y a des quantités plus importantes d’eau qui tombent à un moment, ça peut causer des inondations. Le réchauffement du climat a d’autres conséquences encore. J’ai mis une cravate avec des girafes parce que la girafe est une des espèces menacées par le réchauffement.

Est-ce irréversible ?

La quantité de CO2 (gaz carbonique) qui augmente, c’est un peu comme l’épaisseur de vêtements que vous mettez quand il fait froid. Au début, tout va bien. Mais si vous ajoutez sans cesse de nouvelles épaisseurs, à un moment donné, vous étouffez. Le risque, c’est ça, aujourd’hui. On continue à ajouter tellement de CO2 dans l’atmosphère que la température arrive à des niveaux dangereux pour une partie de ce qui est vivant sur Terre. Donc, il faudrait enlever une couche pour stabiliser puis diminuer la température. Comment retirer du CO2 de l’atmosphère ? Une des manières, c’est de planter des arbres. Car ils absorbent le CO2 pour fabriquer les feuilles, les fleurs, les fruits avec le carbone (le C du CO2), et ils rejettent de l’oxygène (O2) dont nous avons besoin pour respirer. Mais évidemment, il faut émettre le moins possible de CO2, sinon c’est un peu comme si on veut empêcher une baignoire de déborder, et qu’on retire de l’eau, mais qu’on laisse le robinet grand ouvert…

Puisque les grandes industries et organisations polluent tant, est-ce que nos petits efforts peuvent changer quelque chose ?

Des scientifiques ont travaillé sur cette question. Ils se sont demandé si quelque chose changerait si tout le monde, surtout ceux qui polluent le plus, diminuait ses émissions à son niveau, en roulant à vélo au lieu d’utiliser la voiture, ou en baissant le thermostat d’un degré, par exemple. Des estimations montrent que tous ces gestes pourraient contribuer à obtenir un quart à un tiers de ce qu’il faudrait obtenir comme réduction pour protéger le climat. Ce n’est pas négligeable, mais ce n’est pas assez  ! Donc, il faut combiner ce que l’on peut faire au niveau de chacun et au niveau de la société, pour qu’il y ait assez de trains, des pistes cyclables pour se déplacer à vélo ou pour encourager les gens à isoler leur maison pour qu’ils consomment moins d’énergie, ou à mettre des panneaux solaires…