Quand on parle de sens de l’orientation, de quoi s’agit-il? Est-ce lire une carte ou s’orienter avec un GPS? Non, c’est davantage que cela.

Le sens de l’orientation, c’est la capacité de croiser des informations sur les lieux (l’environnement, ce qui est extérieur à soi) et sur son propre corps (dans quel sens je me déplace, à quelle vitesse…). Ce travail est réalisé par le cerveau. Mais quelle influence a donc l’environnement sur notre sens de l’orientation?

Un jeu vidéo pour tester notre sens de l’orientation ?

Certaines études ont été réalisées sur des souris que l’on a fait grandir dans des cages. En leur mettant des parcours plus ou moins compliqués dans cet espace clos, on a pu mesurer ce que cela changeait dans leur cerveau.

Mais comment vérifier cela chez les humains? Des chercheurs de l’University College de Londres (Royaume-Uni) ont pensé à utiliser un jeu vidéo, appelé Sea Hero Quest (SHQ). Ce jeu a été créé en 2016. C’est un jeu d’aventure, de réflexion et de rapidité développé dans le cadre de la recherche scientifique sur Alzheimer.

C’est donc un jeu conçu pour détecter une maladie dont le principal symptôme (signe) est la perte de la mémoire. Dans ce jeu, l’utilisateur se glisse dans la peau d’un marin à la barre de son navire. Il doit faire face à des épreuves basées sur la mémoire et le sens de l’orientation.

Sea Hero Quest compte à ce jour plus de 3,9 millions d’utilisateurs adultes. Parmi ceux-ci, les chercheurs ont sélectionné 400 000 participants de 38 pays. Ils les ont choisis car ils avaient des caractéristiques d’âge, de lieu de vie,… intéressantes et qu’ils faisaient une utilisation sérieuse du jeu.

Et quelles conclusions en tirer ?

Selon ces chercheurs, il semblerait que les personnes ayant grandi dans un milieu rural (à la campagne) ont un meilleur sens de l’orientation que celles ayant grandi en ville. La raison? La campagne est un environnement peu organisé (moins que la ville, en tout cas). C’est aussi un environnement avec de plus grandes distances, ce qui impose au cerveau de mémoriser des itinéraires.

Mais toutes les villes ne sont pas identiques. La ville de Chicago, par exemple, aux Etats-Unis, est organisée sur un plan quadrillé. On y a donc des rues parallèles avec des croisements à angle droit. En revanche, Paris ou Bruxelles sont plus complexes (c’est moins facile de s’y retrouver). Les chercheurs ont donc analysé 380 villes et déterminé pour chacune d’elles son degré (niveau) de complexité.

C’est un peu comme l’apprentissage d’une langue, mieux vaut le faire jeune

Et que se passe-t-il si un habitant adulte de Chicago, qui vit dans cette ville où il est facile de s’orienter, muscle son « sens de l’orientation »? Est-ce que les exercices peuvent l’aider à avoir un meilleur sens de l’orientation ? Selon les chercheurs de l’University College de Londres, c’est possible. Mais selon eux, c’est un peu comme l’apprentissage d’une langue vivante, il sera beaucoup plus facile de parler cette langue si on l’a apprise en étant jeune plutôt qu’en étant adulte.

Autre constat, de bon sens mais confirmé par l’expérience: on s’oriente toujours mieux dans un cadre familier. Pour le vérifier, les chercheurs ont développé une version urbaine (de ville) du jeu, et constaté que les personnes originaires d’une ville en quadrillage (comme Chicago) avaient un léger avantage pour s’y orienter.