Le réseau social de la vérité (Truth Social), pourquoi un tel nom ? Pourquoi parler de vérité ? Cette dénomination n’a pas été choisie au hasard. L’ex-président américain a souvent été pris en flagrant délit de mensonge alors qu’il occupait le poste de chef de l’Etat américain.

Mais faisons un petit retour en arrière. Donald Trump a été élu président des Etats-Unis en novembre 2016.

Après la cérémonie d’investiture, ce moment où il est devenu officiellement président, le porte-parole de la Maison-Blanche a déclaré que « jamais pareille cérémonie n’avait attiré tant de monde ». Il y aurait eu 1,5 million de personnes. Des journalistes ont dit que c’était faux, il n’y avait pas 1,5 million de personnes. Qu’importe, la Maison-Blanche a dit : ce n’était un mensonge, c’est un fait alternatif. Un fait alternatif, ça veut dire quoi ?

Ce n’est pas clair, ça veut dire quoi alternatif ? C’est différent de quoi? 

Au fil de la présidence de Trump, on découvre que, pour lui, les faits importent peu. Il soutient par exemple que, lors de la cérémonie d’investiture, quand il a entamé son discours, la pluie s’est « immédiatement arrêtée et le ciel s’est ensoleillé »… Alors qu’en réalité, il a plu tout au long de cette cérémonie. Mais quand des journalistes le contredisent, Donald Trump les accusent de faire des fake news.

Ces théories alternatives, c’est-à-dire la déformation de la réalité au gré d’une croyance, deviennent une arme de complotistes. Les complotistes sont persuadés que la réalité des événements est cachée au plus grand nombre de personnes. Plus personne n’a confiance en rien : médias, autorités scientifiques, politiques… Tout est fake !   

Donald Trump casse les codes, il se déclare en guerre avec les médias et son mode d’expression favori est les tweets (messages postés sur le réseau social Twitter). Fin 2020, alors qu’il fait campagne pour sa réélection, il envoie une quarantaine de tweets par jour. Il n’hésite pas à écrire des contre-vérités (nie l’existence du réchauffement climatique par exemple).

En novembre 2020, Joe Biden est élu mais Trump refuse sa défaite. Il assure, sans preuve, qu’il y a eu des fraudes (tricheries). Le 6 janvier 2021, il est exclu de Twitter, accusé d’avoir poussé des centaines de ses partisans à prendre d’assaut le Capitole, le bâtiment où siègent députés et sénateurs américains. Cinq personnes trouveront la mort dans les émeutes, dont un officier de police.

Après cela, Trump est exclu de Twitter. Facebook et YouTube font bientôt pareil, ils ne veulent plus relayer les messages du 45e président des Etats-Unis. Pour Donald Trump, ces exclusions sont rudes, elles le privent de ses nombreux abonnés : Facebook (35 millions), Instagram (24 millions) et Twitter (89 millions).

Le réseau social de la vérité

En réaction, Donald Trump a décidé de créer son propre réseau social. Truth Social a été lancé ce 21 février. Il va progressivement, dit-on, devenir accessible pour être vraiment opérationnel fin mars, au moins aux Etats-Unis. À l’heure actuelle, il ne semble pas accepter les utilisateurs français et européens. On y postera des truth (des messages qualifiés de « vérités »), des photos, des vidéos, des actualités…

Donald Trump dit vouloir résister face à la « tyrannie des géants des technologies ». Il espère attirer tous ceux qui ont le sentiment que leurs idées sont censurées (interdites de publication) sur des réseaux sociaux classiques. Il semblerait toutefois que sur Truth Social, il ne soit pas permis de ridiculiser Truth Social en tant qu’utilisateur.

D’autres réseaux sociaux

Il existe d’autres réseaux sociaux qui, comme Truth Social, ont tenté de se faire connaître, sans vraiment réussir, en défendant cette idée de la liberté d’expression. Il y a par exemple Gettr, Parler ou Gab…  Ces réseaux dits « anti-censure » semblent être appréciés notamment par des gens d’extrême droite (racistes) ou des ultraconservateurs, des partisans de Trump par exemple.

A qui appartient Truth Social ?  

C’est le groupe de Trump, la Trump Media et Technology (TMTG) qui possède cette plateforme. Elle s’est associée à une autre entreprise, DWAC, chargée de trouver des fonds (argent). Celle-ci vient ainsi de trouver 280 millions de dollars.  TMTG devrait aussi fournir un service de vidéos à la demande et des podcasts.

Le choix de la date du 21 février pour le lancement de Truth Social n’est pas un hasard, puisqu’il s’agit d’un jour férié aux Etats-Unis en l’honneur des présidents américains. A 75 ans, Donald Trump laisse planer des doutes sur son intention de se présenter aux prochaines élections présidentielles en 2024.