Dans le monde, des milliers et des milliers de personnes ayant de gros problèmes de santé attendent un don d’organe pour survivre. Aux États-Unis, par exemple, on estime que plus de 100 000 personnes sont dans le cas. Et que 17 d’entre eux meurent en moyenne chaque jour faute d’avoir reçu la greffe tant attendue.

Pour pallier ce manque d’organes disponibles, les scientifiques cherchent des solutions du côté des animaux. Des transplantations d’organes venus d’animaux sur des humains, c’est ce qu’on appelle des xenogreffes.

Les porcs semblent être de bons donneurs pour les humains, grâce à la taille de leurs organes et à leur croissance rapide. À ce jour, des valves cardiaques (éléments du cœur) de porcs sont régulièrement utilisées pour soigner des humains.

Pour pouvoir être greffé à un humain, les organes porcins (des porcs) doivent néanmoins être génétiquement modifiés afin de devenir compatibles. S’ils ne l’étaient pas, les organes porcins seraient directement rejetés par les corps des humains.

Il y a peu, une équipe médicale a annoncé avoir greffé un cœur de porc à un patient vivant (cette précision est importante). Une première mondiale qui a fait grand bruit.

Une greffe de rein porcin à l’intérieur d’un humain

Des recherches sont en cours pour greffer des reins de porcs sur des humains. Actuellement, ceux-ci sont greffés sur des patients dits en état de mort cérébrale, c’est-à-dire que toutes les fonctions cérébrales des patients sont arrêtées alors que les fonctions cardiaques sont maintenues.

Lors des premières opérations de ce type, les greffons (l’organe transplanté) avaient été connectés à une jambe du corps en question mais placés à l’extérieur de celui-ci, afin de pouvoir plus facilement les réactions des greffons et effectuer des analyses.

On vient d’apprendre qu’une opération du même type, mais en connectant les reins à l’intérieur du corps, avait eu lieu fin septembre 2021.

« Les reins transplantés ont filtré le sang, produit de l’urine et, chose importante, n’ont pas été immédiatement rejetés », a indiqué l’Université de l’Alabama à Birmingham, dans laquelle l’opération a eu lieu. Les deux organes sont restés viables jusqu’à ce que l’expérience soit arrêtée, soit après 77 heures.

Selon l’équipe médicale, la possibilité de réaliser de telles interventions sur des patients vivants, avec une réussite à la clé, se rapproche.

Xenogreffes: et pour l’éthique?

Réussir à greffer un organe d’animal sur un humain, et que cela lui sauve la vie, c’est une prouesse scientifique évidente. De nombreuses personnes y voient une vraie solution pour pallier aux manques d’organes disponibles.

Mais cette pratique peut aussi poser question. Avons-nous le droit, en tant qu’humain, d’élever des animaux pour ensuite leur prendre leurs organes? Certains répondront que nous le faisons déjà pour nous nourrir, d’autres pensent que nous n’avons aucun droit de le faire. Les avis divergent sur la question. Le débat est ouvert.