Depuis l’été, des milliers de réfugiés venus du Moyen-Orient (principalement de Syrie et d’Irak) sont arrivés à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Le gouvernement biélorusse leur a donné l’autorisation d’entrer sur son territoire pour les conduire à la frontière polonaise afin qu’ils puissent entrer dans l’Union européenne. Mais la Pologne refuse de les laisser passer et la Biélorussie les empêche de repartir…

La semaine dernière, cette crise migratoire s’est encore intensifiée. Ces migrants sont bloqués dans la forêt, survivant dans des conditions dramatiques. Des enfants, des femmes et des hommes sont obligés de dormir dans des tentes, sous des températures glaciales, sans accès à des soins de santé. Ils n’ont ni eau, ni nourriture. Leur vie est en danger. Par tous les moyens, ils tentent de fuir cette situation. Parfois dans la violence.

Interdiction de passer

Quelque 15 000 soldats ont été envoyés par la Pologne à la frontière, une clôture de fil de fer barbelé rasoir a été dressée pour empêcher le passage des migrants. Les journalistes et les associations n’ont pas le droit pénétrer dans cette zone.

Certains migrants ont essayé de forcer les barrières avec des cisailles, des pelles ou des branches de bois mais ont été durement réprimés par les gardes polonais de la frontière, appuyés par la police et l’armée. Ils utilisent, par exemple, des gaz lacrymogènes pour les repousser.

Du côté de la Biélorussie, les gardes obligent les migrants à traverser la frontière en tirant des coups de feu en l’air et en leur fournissant différents outils pour passer.

Pourquoi la Biélorussie a-t-elle autorisé l’entrée des migrants sur son territoire?

Pour comprendre comment nous en sommes arrivés à une telle situation, il faut comprendre les rapports conflictuels entre la Biélorussie et l’Union européenne.

La Biélorussie est dirigée depuis plusieurs années par Alexandre Loukachenko, considéré comme le dernier « dictateur d’Europe ». À la tête du pays depuis 1994, il mène une politique extrêmement dure, sans respect de la démocratie. Il a supprimé presque toute opposition (ceux qui ont des idées opposées à celles du pouvoir). Dans ce pays vaste comme plus de six fois la Belgique, on risque sa vie quand on ose critiquer les autorités. Les droits de l’homme ne sont pas respectés.

De nombreuses personnes réclament son départ mais il continue de s’accrocher au pouvoir. Après une nouvelle répression brutale de l’opposition, l’Union européenne a décidé d’infliger au pays de lourdes sanctions économiques. Loukachenko se venge de ces sanctions en utilisant les migrants. Il menace aussi de couper l’acheminement de gaz russe, vital, entre autres, pour l’Allemagne.

Que fait la communauté internationale?

La communauté internationale est très inquiète de la situation, une réunion d’urgence a été organisée au Conseil de sécurité des Nations unies. De nouvelles sanctions devraient tomber sur la Biélorussie. Mais la situation reste extrêmement compliquée car l’Union européenne ne veut pas céder à la pression du président biélorusse. La Pologne, elle, s’entête à ne pas laisser passer ces réfugiés.