Avec les réseaux sociaux, il est devenu encore plus courant de dénoncer ce qui choque ou ne convient pas. On appelle cela la cancel culture. En anglais «cancel» veut dire «annuler».

Faut-il «canceler» le baiser?

Prenons un exemple tout simple. En mai dernier, les parcs Disney rouvraient leurs portes après 400 jours de fermeture aux États-Unis. Dans une des attractions, la scène du baiser d’amour entre le prince et Blanche-neige endormie a choqué certains. Dans les années 1930, on pouvait penser qu’embrasser une personne endormie sans son consentement (accord) était un «baiser d’amour»… Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Faut-il changer cela, réécrire la fin de l’histoire? Faut-il «canceler» le baiser?

Autre exemple, cette semaine à New-York, les autorités ont décidé de retirer la statue de Thomas Jefferson, un des pères fondateurs des États-Unis. La raison? Thomas Jefferson (1743-1826) a été un esclavagiste (partisan de l’esclavage). Il détenait plus de 600 esclaves dans sa plantation de Virginie (un des États des États-Unis). Au 18e siècle (dans les années 1700), des millions de Noirs ont été amenés d’Afrique aux États-Unis. Ils ont été obligés de travailler, parfois de 17 à 20h par jour, dans des plantations de riz, de canne à sucre,… Ces esclaves sont les ancêtres d’une grande partie des Noirs vivant actuellement aux États-Unis. «Jefferson représente certaines des pages les plus honteuses de la longue (…) histoire de notre pays», a expliqué une élue new-yorkaise afro-américaine.

Les exemples se multiplient. Faut-il boycotter (rejeter) un film parce que son réalisateur a, par le passé, eu des actes racistes ou abusé sexuellement d’une femme? Faut -il enlever les statues du roi Léopold II (2e roi des Belges) pour ce qu’il a fait ou laissé faire au Congo (Afrique) quand ce pays était une colonie belge?

Effacer ou plutôt expliquer ?

Certains veulent qu’on efface ces traces. D’autres pensent qu’il faut plutôt expliquer car cela parle du racisme, du sexisme, de crimes manifestes (évidents), d’homophobie… et que comprendre ce qui est arrivé permet de parler et de préciser les valeurs (ce qu’on trouve important) d’aujourd’hui. Cela permet aussi peut-être de réparer, quand c’est possible, des erreurs du passé ou de présenter des excuses, sans nier ni oublier ce qui est arrivé.