Olivier Delmée, c’est quoi le brame du cerf?

C’est la période de reproduction du cerf. Pendant l’année, les biches vivent en hardes et les cerfs vivent seuls ou en tout petits groupes. À partir de la mi-septembre (quand les températures et la luminosité diminuent) et jusqu’à la mi-octobre, les cerfs produisent une hormone qui leur envoie le message de regrouper et de surveiller les biches pour ne pas rater le bon moment pour se reproduire.

Quel est ce bon moment?

Il faut que les biches soient en chaleur (que leur corps soit réceptif à la reproduction). Et elles ne le sont que sur un très court laps de temps, environ 24 heures, une seule fois par an. C’est un moment qu’il ne faut pas rater.

Que font les cerfs?

Ils entrent en compétition les uns avec les autres pour avoir un petit troupeau de biches. Ils se disputent, ils se défient, ils finissent parfois par se battre pour pouvoir rester avec la harde de biches. Et les féconder, le moment venu. Les biches suivent le cerf le plus fort. Pendant la période du brame, les cerfs ne se nourrissent pas, ils sont entièrement consacrés au fait de ne pas se faire chiper leurs biches par un autre mâle.

Il n’y a pas simplement assez de biches pour que chaque cerf puisse se reproduire?

Ce n’est pas vraiment la question. Les biches vivent en hardes, assez loin des grands cerfs mâles et sous la conduite d’une vieille biche, la bréhaigne. Les hardes restent entières au moment du brame. Un cerf se bat pour une harde. Et il n’y a pas suffisamment de hardes pour tous les cerfs.

Quand on pense «brame du cerf», on pense à un cri …

Oui. Le brame, c’est l’expression du cerf. Il en existe différents types, en fonction du message qu’il veut faire passer. Il y a:

– le brame de présence: lorsque le cerf indique qu’il est là.

– le brame de défi: lorsque le cerf a repéré un congénère, il envoie un brame un peu plus aigu qui veut dire «attention mon gars, j’arrive et je te mets au défi».

– le brame de poursuite: pendant le combat, le cerf émet de petits sons rauques.

– le brame de triomphe: le cerf a éjecté l’intrus. Quand il revient près de sa harde, il émet un grand cri qui veut dire «c’est moi le meilleur».

– le brame de langueur: le cerf est seul, il ne trouve pas de biches, personne ne lui répond, il émet alors un brame mélancolique.

Donc, le cerf indique sa présence, il provoque un congénère, ils se battent. Comment sait-on qui a gagné le combat?

Lors du combat, les deux cerfs s’affrontent avec leurs ramures qui s’entrechoquent. Le plus fort va repousser l’autre. Qui va finir par s’enfuir. S’engage alors une petite course-poursuite. Quand le vainqueur comprend que le vaincu ne fera pas demi-tour, il s’arrête, retourne vers les biches et pousse son brame de triomphe. Parfois, il n’y a même pas de combat. Le brame sert aussi à impressionner l’adversaire. Et parfois, cela suffit.

Les combats sont-ils violents?

Parfois, oui. Ils arrivent que les cerfs se blessent plus ou moins grièvement. Ils arrivent aussi que les ramures des deux cerfs s’entrelacent et qu’ils n’arrivent plus à se décoincer l’un de l’autre. Ils risquent alors de mourir d’épuisement. Il y a aussi les cerfs assassins, des cerfs plus âgés qui n’ont plus que deux grandes dagues de bois sur la tête qui sont très dangereuses lors des combats.

Comment peut-on entendre le brame du cerf?

Généralement, les cerfs brament le soir. On se retrouve en groupes en forêt à la tombée de la nuit. Et on écoute. La nuit, tout prend une dimension qui n’existe pas le jour. Le moindre bruit peut devenir impressionnant. Lorsque l’on entend le brame ou les bois des cerfs qui s’entrechoquent, c’est quelque chose. On me demande souvent si ce n’est pas dangereux. Il ne faut évidemment pas s’approcher trop près et être respectueux des animaux. On n’est pas là pour les déranger. Si on prend les bonnes précautions, il n’y a pas beaucoup de danger. Il faudrait qu’un cerf vous confonde avec un concurrent pour que vous risquiez d’être chargé.

Il existe de nombreuses activités encadrées par des guides. Pour y participer, il faut se renseigner dans les maisons du tourisme et les syndicats d’initiative ardennais.