Des enfants et des adolescents vivent dans la rue et sont livrés à eux-mêmes, en Belgique! C’est tout à fait contraire à la Déclaration des droits de l’enfant, que notre pays s’est engagé à respecter, et qui reconnaît que l’enfant a droit à un logement, à des repas, à la sécurité, à l’éducation (école)…

Ce 6 septembre, quatre associations ont interpellé les responsables politiques sur ce problème. Ces associations sont des groupes de personnes qui viennent en aide aux plus pauvres, aux jeunes ou aux migrants (qui ont quitté leur pays et cherchent un nouveau lieu de vie). Il s’agit de Médecins sans frontières, Médecins du monde, SOS Jeunes/quartier libre AMO et la Plateforme citoyenne BXLRefugees. Muriel Gonçalves travaille pour Médecins du monde. On lui a posé quelques questions.

Muriel Gonçalves, vos quatre associations disent qu’il y a de plus en plus de jeunes dans les rues de Bruxelles. Quel est leur nombre?

C’est le gros problème. On ne sait pas, on n’a pas de chiffre. Je dirais plusieurs centaines à Bruxelles, mais sans certitude, qui vivent dans des squats (bâtiments abandonnés, ruines…), ou sous des ponts. On les voit dans les distributions de repas gratuits, dans les médibus (bus où des soins médicaux gratuits sont offerts aux plus pauvres) et quand on fait des maraudes (tournées pour donner des soins, des couvertures ou de quoi boire et manger aux sans-abri).

Qui sont ces jeunes?

Il y a des Belges mais, en majorité, ce sont des étrangers. Parfois, ils ont fui la guerre, ou la misère. Certains rêvent d’une vie idéale en Europe où ils imaginent que tout le monde est riche. La majorité sont ados ou préados, mais on en a rencontré qui avaient 9 ans.

La semaine passée, dans notre bus médicalisé, on a rencontré un jeune Marocain qui avait quitté son pays à 8 ans avec un groupe de gamins de son village. Il a maintenant 15 ans, il est à Bruxelles depuis un mois, et il dort sous un pont.

Ces jeunes ne se font pas connaître à la Belgique? Pourquoi?

Ils n’ont pas confiance, ils n’ont pas envie d’être renvoyés dans leur pays ou de se retrouver dans un centre fermé. Et puis, il n’y a aucune information adaptée pour eux. Rien n’est prévu pour ces enfants. Comment doivent-ils faire? Où se présenter et comment y aller? Qu’est-ce qui est bien pour eux? Ils ne savent pas.

Que demandez-vous?

Quelle que soit leur origine, on veut que la Belgique prenne en compte que ce sont des enfants. La Belgique a signé des textes internationaux, comme la Déclaration des droits de l’enfant, et doit les respecter. Ces jeunes ont réussi à traverser plein d’épreuves mais ils sont en danger, ils ont des conduites à risques pour survivre. La Belgique doit les protéger.

Il faudrait un hébergement pour ces enfants, avec des aides adaptées à leur âge. Et il faudrait y accueillir les jeunes avant même qu’ils décident d’introduire une demande d’asile ou autre. Qu’ils aient le temps de se poser, de se soigner, de réfléchir calmement, de comprendre où ils sont, ce qu’ils peuvent faire…