En Belgique, la vaccination avance bien: près de 77% de la population est entièrement vaccinée. Pourtant, le coronavirus est toujours bel et bien présent. Si la situation n’est plus aussi difficile à gérer qu’il y a quelques mois, l’on parle maintenant de proposer une troisième dose de vaccin aux personnes dont le système immunitaire (la capacité naturelle du corps à combattre les maladies) est faible. Pourquoi?

Selon une grande majorité des experts scientifiques, les vaccins sont, à ce jour, le moyen le plus sûr et efficace de combattre l’épidémie de coronavirus et d’éviter les formes graves de la maladie qui peuvent être mortelles. Chez nous, les autorités se sont fixé l’objectif d’atteindre le taux de 80% de personnes vaccinées (en âge de le faire) pour atteindre le seuil d’immunité collective (protection de la population contre le virus). Malgré le taux élevé de vaccination de la population, le virus est toujours présent en Belgique et certaines personnes fragiles ayant reçu deux injections de vaccin ont tout de même été infectées. Est-ce normal?

Le fonctionnement des vaccins

Pour comprendre, il faut revenir sur ce que sont les vaccins et comment ils agissent sur notre corps…

Chaque personne, dès sa naissance, développe un système immunitaire qui le protège des microbes, des virus, des maladies, des infections… Mais la première fois que nous y sommes confrontés dans notre vie, notre système immunitaire (de défense) n’est pas forcément prêt à les combattre. Pour mener la contre-attaque, il doit produire assez d’anticorps pour sortir vainqueur.

Le système immunitaire a ceci de particulier, qu’il garde en mémoire les «agressions» (infections, maladies…) qu’il a vécues. Ainsi, lorsque nous sommes exposés à un microbe que nous avons déjà rencontré, notre corps est capable de se défendre plus facilement et rapidement pour l’éliminer.

Le vaccin fonctionne sur le même principe. Il peut être injecté en «prévention» pour stimuler cette immunité naturelle. Il imite l’infection (donc l’attaque du virus) sans causer la maladie. En faisant cela, il stimule (encourage) les défenses du corps. Bien sûr, cela n’empêche ni la contamination ni la transmission, mais cela réduit fortement les risques et évite de développer une forme grave de la maladie.

Deux doses… et puis, trois

Il existe plusieurs types de vaccins. Certains vaccins contiennent un virus que l’on a atténué par traitement chimique avant de l’injecter. D’autres sont dits «à vecteur viral», car ils sont fabriqués à partir d’un autre virus. D’autres, encore, sont à base de protéines qui déclenchent une réponse immunitaire sans utiliser le virus lui-même.

Et puis, il y a les vaccins comme ceux de Pfizer ou Moderna, qui sont dits à ARN. Dans ce cas, on injecte, dans le corps, de l’ARN c’est-à-dire la molécule qui dit à nos cellules ce qu’il faut fabriquer. Cet ARN messager va montrer à nos cellules quelle protéine synthétiser (recomposer) pour lutter contre le coronavirus.

Plusieurs de ces vaccins nécessitent l’administration (injection) de deux doses. Pourquoi? La première dose permet d’injecter un antigène (produit qui va stimuler la réponse immunitaire), la deuxième, d’augmenter sa force et sa durée de protection.

Et pourquoi trois maintenant? Selon une étude, les anticorps, créés par les vaccins ou par une infection au coronavirus, diminuent plus rapidement avec le temps chez les personnes de plus 80 ans qui ont une immunité naturelle beaucoup plus faible (à cause de la vieillesse). C’est le cas aussi pour les patients dits immunodéprimés (qui ont une faible immunité à cause d’une maladie). En Belgique, le gouvernement vient de décider qu’il serait proposé dès l’automne à tous ces patients de se faire injecter une troisième dose de vaccin. Dans le but de renforcer davantage leur système immunitaire pour combattre le coronavirus.

Les personnes ayant reçu un vaccin qui ne s’administrait qu’en une dose, recevront une deuxième dose.

Et les autres pays?

Les différents variants du coronavirus sont aussi un élément à prendre en compte dans l’injection d’une éventuelle troisième dose.

Les virus mutent (changent), c’est normal. Mais l’on ne peut pas savoir à l’avance si les vaccins disponibles actuellement fonctionneront avec la même efficacité sur toutes les mutations possibles du virus. C’est pourquoi certains pays ont fait le choix, ou l’envisagent (y pensent), d’étendre cette troisième injection à d’autres catégories de la population.

En Israël, depuis le 1er août, une troisième dose est prévue pour les personnes qui ont été vaccinées avant le mois de février. La Hongrie et l’Allemagne le font pour les populations âgées et vulnérables. Aux États-Unis, le président Joe Biden y pense aussi pour faire face à la reprise de l’épidémie due aux variants, plus contagieux. La France a, elle aussi, pris la décision d’administrer une troisième dose à sa population la plus fragile dès le début du mois de septembre.

Inégalités

L’OMS (l’Organisation mondiale de la Santé), n’est pas favorable à cette stratégie de la troisième dose…

Si nous avons la chance de bénéficier, dans nos pays, de ces vaccins pour lutter contre cette épidémie, force est de constater que nous ne sommes pas égaux face à la vaccination. Pour acheter des vaccins, il faut de l’argent. Les pays riches peuvent donc investir massivement dans des campagnes de vaccination, contrairement aux pays pauvres qui n’en ont pas les moyens.

L’OMS pense que cette stratégie creuse davantage encore les inégalités en matière de vaccination dans le monde. Or, pour dire un jour adieu au coronavirus, il faut que l’ensemble de la population de la planète atteigne l’immunité collective. Cela risque de prendre encore du temps. Il en faut pour distribuer et injecter des milliards de vaccins!