Pegasus, c’est le nom d’un logiciel espion conçu par la société israélienne NSO Group et qui n’est vendu qu’aux pays. Impossible pour un simple citoyen de se procurer ce logiciel. Lorsqu’il est installé sur un smartphone, le logiciel est capable d’écouter les conversations téléphoniques mais également tout ce que dit son propriétaire, y compris quand il n’est pas au téléphone. Il peut lire les messages, notamment ceux issus de l’application WhatsApp, localiser le téléphone ou même accéder aux photos et vidéos de l’appareil. Tout ça, sans que son utilisateur ne s’en aperçoive… C’est l’une des particularités du logiciel: il peut être installé à distance, en se servant des failles de sécurité de Google et Apple. Pas besoin de cliquer sur un lien…, une simple connexion suffit à être piraté.

Le 18 juillet, un groupe de journalistes de différents pays, réunis au sein de l’organisation Forbidden Stories et épaulés par Amnesty International, a dévoilé les résultats d’une longue enquête sur le «projet Pegasus» en publiant son enquête dans 17 médias.

Espionnage mondial

Au départ créé pour aider les États à lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée, il semblerait que le logiciel Pegasus ait été détourné de ses fonctions premières par certains de ces pays et utilisé pour espionner des personnalités influentes du monde entier. Par exemple, des hommes politiques, des chefs d’État, des avocats, des militants ou des journalistes. C’est précisément cet immense scandale qui est au cœur des débats à présent. Si ces faits sont prouvés, ils sont très graves et leurs auteurs pourraient être sanctionnés. Tout le monde a droit au respect de sa vie privée, cela fait partie de nos droits humains reconnus par la CEDH (Cour européenne des Droits de l’Homme).

Les journalistes ont réussi à obtenir une liste de plus de 50 000 numéros de téléphone sélectionnés par une dizaine de pays utilisant Pegasus pour être potentiellement (peut-être) surveillés. Parmi ces numéros, on trouve celui du président français Emmanuel Macron, de son ancien Premier ministre Edouard Philippe, de l’ancien Premier ministre belge Charles Michel, ou encore de son père, l’homme politique Louis Michel. D’après les révélations de ce groupe de journalistes, plusieurs pays comme la Hongrie, le Maroc, l’Arabie saoudite ou encore le Mexique, auraient détourné le logiciel pour s’en servir contre leurs opposants.

Contre-attaque

Pour l’instant, les pays mis en cause par Forbidden Stories et Amnesty International nient ces informations. Le Maroc a décidé de porter plainte contre les deux organisations pour diffamation (mensonge qui porte atteinte à l’honneur). Le pays affirme ne pas être un client de NSO Group. Le Kazakhstan, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont, pour leur part, officiellement démenti les accusations qui les visent. Dans plusieurs pays des enquêtes ont été ouvertes afin de faire toute la lumière sur cette histoire, que le gouvernement soit accusé d’avoir détourné le logiciel comme la Hongrie, ou au contraire, qu’il en ait été victime, comme l’Algérie.

La société NSO Group assure que la liste de numéros dévoilée n’a rien à voir avec Pegasus et qu’elle ne correspond pas à des cibles. De leur côté, les journalistes maintiennent leur position à l’appui de preuves rendues publiques et accessibles en ligne.