En février, des personnes sans papiers se sont enfermées dans l’église du Béguinage, à Bruxelles. D’autres ont occupé des locaux des deux universités libres de Bruxelles, francophone et flamande: l’ULB et la VUB. Depuis le 23 mai, ces quelque 430 femmes et hommes refusent de s’alimenter!

Qui sont ces gens?

Les «sans-papiers» sont des personnes d’origine étrangère qui vivent en Belgique sans en avoir l’autorisation. On dit qu’ils sont sans papiers parce qu’ils n’ont pas de documents officiels délivrés par la Belgique, comme un permis de séjour ou une carte d’identité. Parmi les sans-papiers, il y a aussi des enfants nés en Belgique mais dont les parents sont sans-papiers.

Pourquoi n’ont-ils pas de papiers?

Certains ont reçu un permis de séjour d’un an, ont demandé ensuite que ce permis soit prolongé, mais la réponse met des années à arriver. En attendant, ils sont sans papiers.

D’autres ont eu un permis de séjour, mais n’ont pas demandé de prolongation pour diverses raisons (ils sont mal informés, ils n’ont pas de domicile donc pas d’adresse, ils n’ont pas assez d’argent pour payer cette formalité, ils ne comprennent pas la procédure qui est très compliquée…).

Une partie des sans-papiers ont reçu une réponse négative mais veulent rester ici car ils ont peur de retourner chez eux; ou ils ont fait leur vie ici, sont en couple avec quelqu’un qui vit ici, ont des enfants nés et scolarisés en Belgique, ont un travail ici…

Il y a des sans-papiers qui ont fait leurs études en Belgique et ne sont pas retournés dans leur pays car ils pensent qu’ils n’y ont aucun avenir.

Une partie des sans-papiers sont venus en Belgique après un parcours long, coûteux et dangereux pour fuir un danger, mais ils n’ont pas été admis comme réfugiés. Ils ont peur de retourner au pays car ils s’y sentent en danger.

Ça compte, les papiers?

Oui. Sans papiers d’identité ou permis de séjour, on ne peut pas avoir de compte en banque, par exemple. Un tas de droits vous sont refusés car vous n’existez pas aux yeux de l’État. Tout est compliqué.

Pour pouvoir se nourrir et se loger, les sans-papiers trouvent du travail non déclaré, caché. Souvent, ils travaillent dans la construction, l’horeca (restaurants, cafés, hôtels), l’agriculture ou l’aide aux personnes. Comme ils ne travaillent pas officiellement, ils sont à la merci de leur patron. Ils travaillent énormément, peuvent faire des travaux lourds et dangereux, sont très mal payés (parfois pas) et n’ont aucune protection en cas de maladie, d’accident… Si tout s’arrête, comme en 2020 à cause du covid, les sans-papiers n’ont droit à rien. Ils n’ont aucun revenu.

De plus, les sans-papiers vivent dans la crainte permanente de se faire contrôler par la police et expulser hors du territoire belge.

Combien sont-ils?

Comme ils sont «cachés», on ne connaît pas leur nombre exact. On estime qu’ils sont entre 100 000 et 150 000. Certains vivent en Belgique depuis 10, 12, 15, plus de 20 ans.

Que veulent les grévistes de la faim?

Que l’Office des étrangers traite plus rapidement les dossiers et que la loi fixe un délai maximum pour donner une réponse. Ils veulent des critères clairs: qui peut rester en Belgique, dans quel cas, à quelles conditions? Ils demandent qu’on les régularise.

Que répond la Belgique?

Tout le monde n’a pas le même avis, le sujet est complexe et délicat, mais des rencontres et des négociations ont lieu pour chercher une solution. Il y a urgence! La santé et la vie des grévistes de la faim sont en danger.