Keen’V, quel drôle de nom !

Je me suis fait appeler comme ça à 18 ans. Mon prénom, c’est Kevin. Quand j’ai dû choisir un nom de scène, je voulais garder un peu de moi dedans. J’ai donc inversé les sons: Ké-Vin, Keen-V.

Ton nouvel album contient 17 morceaux. C’est beaucoup!

Pour moi, c’est normal. Le moins que j’aie fait sur un album, c’est 15. Pour aller dans tous les univers que j’aime, il faut bien ça.

Justement, il y a un peu tous les types de musique !

J’aime bien tout: rock, RnB, afro, ragga… Donc, je me balade sur plusieurs styles.

Est-ce que ça ne gêne pas les gens, qui aiment souvent mettre des étiquettes, de classer les artistes selon leur style?

Il ne faut pas vivre par rapport aux gens. Si j’ai envie de faire tous les styles, je le fais. Et sur un album, si la personne n’aime pas un morceau, elle passe au suivant, c’est tout. C’est ce que j’aime dans un album, par rapport aux singles.

Comment as-tu composé ces 17 titres?

J’ai tout écrit pendant le premier confinement, au printemps 2020. J’ai la chance d’avoir un jardin, et en Normandie comme en Belgique, le temps était magnifique. Je travaillais sur ma terrasse. C’était un supermoment. J’ai écrit 155 morceaux en trois mois ! Puis j’ai laissé reposer et retravaillé, trié… pour enregistrer en automne.

155 chansons ! C’était un bon confinement, donc!

C’était soit la grosse dépression, soit un moment fort de création, de joie, de gaieté. En fait, j’ai eu deux fois plus de force.

L’album est en effet très positif. Et il parle de Tahiti, une île lointaine. Pourquoi?

C’est le point de départ. Quand mon album précédent est sorti, j’ai eu l’occasion de faire un concert là-bas. J’en ai profité pour visiter et j’ai découvert un peuple incroyablement gentil, humain, souriant et ça m’a fait beaucoup de bien. Je me remettais difficilement du décès de ma grand-mère et ces paysages superbes et ce peuple, ce voyage, m’ont beaucoup aidé. Je me suis remis à rêver et à écrire.

Cet album précédent, il devait être suivi d’une tournée de grandes salles qui a été annulée par manque de réservations ! Ça a dû être difficile, cet échec !

Hyperdur ! Je ne m’y attendais pas, ça m’a donné une claque, ça m’a réveillé… Donc au final, ça m’a fait du bien. Je ne savais pas que j’étais capable de rebondir après un échec. Mais en fait, c’était juste une bataille perdue. Ça ne retire pas le fait que j’ai fait et ferai encore d’autres choses !

Ce 9e album se vit autrement, du coup?

Je repars comme si c’était le premier, avec la même hargne, la même énergie qu’au début ! Je bosse grave.

Le succès, c’est important?

Il faut d’abord faire de la musique pour le plaisir. C’est l’essentiel. Et le succès n’est pas un gage de qualité. Mais tu mets tout ton cœur dans ce que tu fais. Parfois ça marche, parfois pas. Mais j’ai envie que les gens écoutent mon album. Et le public me manque.