Mangera-t-on un jour de la viande produite en laboratoire? C’est en tout cas ce sur quoi travaillent de nombreux scientifiques depuis plusieurs années.

En 2013, le premier hamburger (steak de viande hachée) cultivé en laboratoire voyait le jour. Il valait alors… 250 000€! Une sacrée somme. En 2018, la start-up (jeune entreprise) israélienne Aleph Farms créait, elle, le premier steak de bœuf qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à une «vraie» pièce de boucher, tant au niveau du goût que de la texture.

Une viande… sans viande

Pourquoi créer de la viande en laboratoire? D’un point de vue écologique, l’élevage d’animaux est responsable de 18% des gaz à effet de serre (qui participent au réchauffement climatique) au niveau mondial. Il est aussi un très grand consommateur d’eau. Une viande cultivée en laboratoire permettrait donc de limiter la pollution liée à l’élevage puisqu’on n’aurait plus besoin d’avoir autant d’animaux. Cela pourrait aussi éviter qu’on ne les tue pour leur viande.

Comme d’autres avant elle, l’équipe d’Aleph Farms a décidé de tenter l’expérience et elle y est arrivée. Elle a créé une viande saine, sans OGM (organismes dont les gènes ont été modifiés), sans médicaments et sans faire de mal à aucun animal.

La fabrication

Pour faire de la viande sans viande, les chercheurs ont pris des cellules (éléments minuscules et invisibles qui composent les êtres vivants) provenant des muscles de l’animal. Les tissus des muscles ont une capacité naturelle de régénération (réparation) grâce à certaines cellules qui les composent.

En laboratoire, ces cellules issues des tissus musculaires sont mélangées à d’autres cellules pour recréer le même tissu musculaire que celui de l’animal. On place ensuite le «mélange» dans un contenant qui reproduit exactement les mêmes conditions qu’à l’intérieur du corps de l’animal. Au bout de quelques semaines, on obtient des morceaux de viande de quelques centimètres.

Bientôt dans les supermarchés?

Au mois de janvier 2021, Aleph Farms et Mitsubishi (groupe industriel surtout connu dans le secteur automobile mais qui évolue aussi dans le secteur de la production d’aliments) ont décidé de s’associer dans le but de commercialiser (mettre en vente) cette viande de laboratoire. D’après les chercheurs, la production d’un morceau de bœuf coûte aujourd’hui environ 40 euros. Son prix devrait baisser au fil du temps, jusqu’à atteindre un jour le même prix que la viande «traditionnelle».

Mais encore faut-il trouver une clientèle qui acceptera de choisir ce type de viande… De toute façon, chez Aleph Farms, pas question de remplacer la «vraie» viande par de la viande de laboratoire. L’idée est surtout de proposer une alternative (un autre choix) aux consommateurs en ayant en tête ses avantages.