Autrefois, l’Amblève (une rivière) faisait une boucle autour du village de Coo, en province de Liège. On pense qu’au Moyen Âge, les moines de Stavelot ont dévié une partie de la rivière pour la faire passer par un moulin à eau. C’est ainsi que la cascade de Coo serait née.

Cette cascade, elle fait 12 m de hauteur! Impossible pour les poissons de remonter cette immense chute d’eau, évidemment…

Pour rejoindre le haut de la rivière, les poissons peuvent être tentés de prendre une autre voie: le canal de fuite. Mais depuis plus de 50 ans, ils en sont empêchés parce qu’il y a, plus haut sur ce canal, une centrale hydroélectrique (qui fabrique de l’électricité grâce à la force de l’eau). La dénivellation (les différences de hauteur) et le courant provoqué par la turbine de la centrale empêchent les poissons de remonter.

Une cage et des pêcheurs

Une directive (loi) européenne impose de faire en sorte que les rivières soient en bon état écologique. Les poissons doivent aussi pouvoir circuler pour se nourrir, se reproduire. Sans cela, les poissons disparaissent!

La société de production d’énergie Engie, à qui appartient la centrale hydroélectrique, a donc cherché des solutions pour permettre aux poissons de circuler. Elle vient de construire une passe à poissons très spéciale. Depuis environ trois semaines, les poissons qui empruntent cette voie sont piégés dans une cage qui sert en quelque sorte de salle d’attente pour taxi.

Trois fois par semaine, un scientifique de l’université de Liège vient ouvrir la cage et récupérer les poissons. Avec l’aide des pêcheurs des deux sociétés locales de pêche, il identifie et compte les poissons, les mesure et les pèse. Il place une petite puce électronique sur certains des poissons pour pouvoir suivre ensuite leurs déplacements.

Les poissons sont ensuite emmenés en voiture, dans des bassines remplies d’eau, jusqu’au-dessus de la cascade. Les poissons font donc une petite centaine de mètres de trajet en taxi, conduits par des pêcheurs!

Jean-Marc et Christophe, deux pêcheurs, rient quand on leur demande s’ils vont ensuite pêcher les poissons qu’ils ont conduits. «Là où on les remet à l’eau, on peut pêcher, mais pas tuer les poissons, disent-ils. Donc, on les remet à l’eau. Et certaines espèces qu’on attrape ici et qu’on remonte sont protégées et ne peuvent pas être gardées, même ailleurs.»

Tandis que les pêcheurs nous expliquent leur travail, Jean-Philippe Benitez, de l’ULiège, pèse et mesure les invités du jour: six brochets, une truite juvénile et une perche. On suit ensuite le taxi et on observe la remise à l’eau…

Ce système d’aide aux poissons en assurant un transport en voiture par des humains est unique en Belgique. C’est assez surprenant, comme solution, il faut bien le reconnaître!