Nous avons interrogé Yves Van Laethem, ce médecin que vous voyez régulièrement donner chiffres, conseils et explications.

On dit que les enfants sont peu contaminants, mais ils doivent se mettre en quarantaine s’ils viennent de rentrer de l’étranger. Pourquoi?

Les enfants sont peu porteurs du virus mais ils peuvent l’être quand même. On a peur qu’ils ramènent une variante nouvelle du virus après avoir skié avec des petits Anglais, par exemple, en Autriche. On veut éviter de prendre des risques.

Pourquoi ne peut-on pas aller en famille faire les soldes?

Si on est plus nombreux, on augmente le risque de propager le virus. De plus, on prend la place d’autres clients, puisqu’on limite le nombre de personnes par commerce. Enfin, on veut éviter les courses plaisir, où on flâne dans les magasins sans rien acheter. L’idée est toujours de réduire les contacts.

Les salles de cinéma et de concert sont fermées mais des milliers de Belges viennent de prendre l’avion!

On n’interdit plus les déplacements à l’étranger en accord avec les autres pays européens. Il est toutefois fortement déconseillé de voyager, même si 100 000 Belges au moins sont partis pendant les congés de fin d’année. Des précautions sont prises dans les avions, mais on sait qu’il y a eu des cas de contamination quand même. Par contre, on pouvait fermer les structures comme les cinémas et les salles de concert, où on va par plaisir, en transports en commun, avant de manger une gaufre ensemble… ce qui peut présenter des risques.

Les musées, eux, sont ouverts.

On a estimé que le public des musées y va sérieusement, dans le calme, en gardant ses distances… Des précautions sont prises et les risques réduits.

Les classes sont remplies !

On essaie de diminuer le nombre d’élèves par local et d’autres mesures sont prises (masques, ventiler…). Pour les enfants, le risque est plus faible et la présence de l’enseignant est importante.

Les plaines de jeux sont accessibles mais pas les parcs d’attractions ni les zoos.

Les plaines de jeux sont limitées à un petit nombre d’enfants plus jeunes et pour un petit moment, alors qu’un zoo ou un parc d’attractions attire un public nombreux, mélangé et plus longtemps. Dans les parcs d’attractions, en plus, on est excités, on crie et on peut donc exprimer (faire sortir) plus facilement le virus.

Certaines décisions se contredisent dans le temps. Les plaines de jeux, par exemple, étaient fermées au printemps. Pourquoi ces changements?

Au printemps, on pensait que les enfants étaient de grands transmetteurs de la maladie, comme pour la grippe. On s’est rendu compte ensuite qu’ils jouent un rôle réduit dans la transmission. La durée intervient aussi: priver les enfants d’école un mois ou un an, par exemple, c’est très différent…

Qui décide ? 
C’est le politique, ceux que la population a élus. Pour cela, ils ont des conseillers, des personnes choisies parce qu’elles ont des connaissances liées à la situation que nous traversons. Ce groupe d’experts, dont je fais partie, réunit des spécialistes des virus, des médecins qui soignent des maladies infectieuses (contagieuses) et des épidémiologistes qui tentent de prévoir l’évolution de l’épidémie. Il y a aussi des psychologues, parce que les mesures touchent toute la société et que certaines personnes vivent mal la situation, ne se sentent pas bien. Il y a également des économistes car on touche fort à l’économie.
Le politique obéit aux experts ?
Non. Les experts rendent des avis après s’être mis d’accord entre eux, et les ministres décident.