Après la récréation, un élève manque à l’appel. Personne ne s’est rendu compte de son absence. Madame Colette s’inquiète. Où est passé Charly? Elle se précipite aux toilettes, où il a été aperçu peu de temps auparavant. Une des cabines est fermée de l’intérieur. Mais que s’est-il passé?

Charles Libert, vous avez écrit: «Où est passé Charly?», un livre qui parle du harcèlement scolaire. Pourquoi?

J’ai été instituteur pendant trente ans. J’ai donc été confronté au harcèlement scolaire. C’est un sujet qui m’interpelle et dont il faut parler. Surtout aux enfants. Et les outils pour le faire manquent. Mon livre est une base de discussion.

Pourquoi faut-il en parler?

Le principal problème pour les enfants qui sont victimes du harcèlement scolaire, c’est d’oser en parler. Ils ont tendance à avoir honte, à se sentir coupables, à croire qu’ils méritent ce qui leur arrive, que c’est de leur faute. C’est évidemment faux! Le seul moyen pour que ça s’arrête, c’est d’en parler. Même si c’est difficile.

La première scène de votre livre est assez dure…

C’est un choix, afin de faire rentrer les lecteurs directement dans l’histoire. Mais il est important de les avertir et de leur permettre d’en discuter, par la suite. Et puis, on est directement plongé dans l’univers de l’école, on peut facilement se représenter les lieux.

Comment peut-on identifier et aider les victimes de harcèlement scolaire, si elles ne parlent pas?

Il faut être attentif au comportement de tous les enfants. Et surtout, aux changements de comportement. Certains enfants peuvent se renfermer, avoir de moins bons résultats scolaires,… on se doute alors qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Mais d’autres, à l’inverse, s’investissent à fond dans l’école et ont de bien meilleurs résultats. C’est leur manière d’échapper à leurs problèmes. Il faut surtout être à l’écoute.

Dans votre histoire, Charly a l’air d’avoir du caractère, d’être fort, et pourtant, il ne parle pas et ne s’en sort pas.

Je pense que l’on paraît fort, aussi, pour cacher nos faiblesses. D’ailleurs, le harceleur, celui qui a le «pouvoir», il n’est probablement pas aussi fort, non plus, qu’il veut le faire croire. Je pense qu’il a, lui aussi, des soucis!

Et les autres enfants? Ceux qui voient, mais ne disent rien non plus?

Leur silence est, d’une certaine manière, complice… Et cela est très pesant pour la personne harcelée. Mais on ne peut pas leur en vouloir. Ils ont peur de devenir eux aussi victimes du harceleur.

Le harceleur se rend-il toujours compte du mal qu’il fait?

Non je ne crois pas. Parfois, ce sont de petites choses, et c’est leur accumulation qui les rend insupportables. J’espère en tout cas qu’il ne s’en rend pas toujours compte. Si c’était le cas, j’oserais espérer qu’il s’arrête tout de suite.

Sans dévoiler toute l’histoire, on peut dire qu’il y a aussi du positif à ressortir de votre livre.

Il est important de montrer aux victimes qu’il y a moyen de s’en sortir, qu’on n’est pas condamné à vie parce qu’on est harcelé. Je pense qu’il faut rester optimiste, en s’armant pour lutter contre le problème, grâce, par exemple, à des formations pour les enseignants. Mais la base, c’est la discussion, les échanges, la prise de conscience,…. Les conseils de classe sont des moments importants pour avoir la possibilité de partager, dans le respect de chacun.

Que voudriez-vous dire aux victimes?

Osez parler, communiquez, trouvez un adulte en qui vous avez confiance et parlez. Ou dessinez, jouez, mais communiquez… On est dans une époque de communication où on communique de moins en moins. Si, grâce à mon livre, un seul jeune victime de harcèlement se met à parler, j’en serai très heureux.

Deux livres

Sur le thème du harcèlement scolaire, Charles Libert a écrit deux livres:

– Où est passé Charly?, pour les 8-12 ans et

– Jusqu’au jour où…, pour les adolescents.

Édités par «Le livre de votre région», ces ouvrages sont adressés aux enfants et adolescents mais aussi à leur entourage familial ou professoral afin de sensibiliser à cette difficile problématique. Disponibles en librairie ou via Internet:

www.ecrirepourtournerlapage.be