Camille et Hadrien accueillent tout le monde: «Ce matin, nous pouvons aller sur une parcelle d’oignons blancs et ensuite, sur une parcelle de pommes de terre Charlotte

Adultes et enfants se mettent en route avec leurs seaux et leurs sacs. Ils se penchent sur le sol et ramassent. Les récipients se remplissent vite!

Contre le gaspillage

Camille nous explique: «En 2017, on a vu des monticules de pommes de terre qui restaient sur les champs après les récoltes. Elles restaient là parce qu’elles étaient mal calibrées (pas la bonne taille, la bonne forme), ou qu’il y avait des coups de dents de rongeurs dedans… Elles étaient donc invendables. On était dégoûtés par ce gaspillage de nourriture

Du coup, ils mettent sur pied des actions de glanage (ramassage de ce que l’agriculteur n’a pas emporté après sa récolte). Hadrien précise: «Le glanage est autorisé par la loi. Mais il ne faut pas le faire n’importe comment

Une petite dizaine d’agriculteurs de leur région ont accepté d’accueillir ces actions de glanage encadré. Camille: «Ça fait une dizaine de rendez-vous par saison, pour glaner des pommes de terre, des oignons, des haricots, des carottes, des épinards, des pois, des panais, des betteraves…» Quand il en a le temps, l’agriculteur vient rencontrer les glaneurs et leur parler de son travail, des légumes… Hadrien: «Les agriculteurs veulent que les gens retrouvent confiance dans l’agriculture, qu’ils aient des contacts. Le fait que ce soit encadré rassure, aussi. Parce qu’il y a des gens qui glanent de façon dangereuse, en suivant les machines directement dans les champs, par exemple. Il y en a qui vont glaner à un mauvais moment: quand l’agriculteur vient de pulvériser un produit ou ressemer autre chose. Et puis, il y a des gens qui vont se servir dans les champs avant la récolte. Mais ça, c’est de la maraude, et c’est du vol.»

Donner aux autres

En bordure de champ, des sacs se remplissent. Camille explique: «C’est la balance solidaire. Les glaneurs peuvent donner une partie de ce qu’ils ont glané pour des associations. Le 5 septembre, on a offert 62kg de pommes de terre à la Croix-Rouge. Aujourd’hui, les dons vont aller à des maisons pour enfants, et à des personnes qui sont en difficulté

Comme ramasser des coquillages sur la plage

Les glaneurs se sont dispersés dans le champ. Stella et Lalie, 6 et 4 ans, s’écrient: «Ici, un gros!» Leurs parents sourient: «On est ici pour profiter de ce qui a été produit, sinon ces denrées seront détruites. On veut apprendre aux enfants à regarder ce qui les entoure, à s’en satisfaire sans toujours aller acheter en magasin.»

Thomas, 9 ans 3/4, est là avec son frère et des amis: «Les machines n’ont pas tout ramassé. On va manger ça pour ne pas gaspiller

Isabelle a rempli d’oignons trois seaux, déjà: «Je vais faire une grosse soupe et la congeler. C’est une façon de ne pas jeter.» Elle explique qu’elle va ramener un seau d’oignons à une association. «Je suis demandeuse d’emploi (elle cherche un travail), mais j’ai de la chance, je suis aidée par mes parents. Donc, pourquoi ne pas aider les autres? »

Laurent et son fils, Benjamin, sont eux aussi en train de récolter pour d’autres: «Ça nous prend une heure et on ramène de la nourriture à une association où travaille ma femme. Ça évite que tout ça soit jeté. Et puis, c’est gai. C’est comme ramasser des coquillages sur la plage! »

Marie-Jeanne, pensionnée, récolte pour elle et pour une maison qui héberge des enfants en difficultés.

Noa, lui, est en train de récolter des patates avec ses grands-parents. Pour lui aussi, le fait de donner aux autres est important. Quand on les voit tous les trois, on a un peu l’impression qu’ils font une chasse au trésor. C’est à qui trouvera les plus belles pommes de terre!