Quand et comment as-tu décidé de faire de la musique?

J’ai commencé des cours de piano à 6 ans. Une partie de ma famille, c’est des musiciens, donc j’ai toujours baigné dans la musique. Mais je pensais que c’était une passion, pas un métier. Finalement, après avoir fait certaines rencontres, j’ai décidé de faire de la musique de manière professionnelle il y a deux ans.

Tu as sorti un premier single, «Pause», en février 2019. Et puis «La Mer» un an et demi plus tard. Pourquoi tout ce temps?

Parce que j’ai changé d’équipe: les gens qui m’entourent, qui m’aident dans tout ce qui est papiers, production, gestion de tout, qui m’aident dans les directions à prendre au niveau artistique ou sur le plan financier… J’ai eu une première équipe avec qui je n’avais rien signé et puis Sony France m’a repérée et on a signé un contrat ensemble. Du coup, ça a pris du temps.

Tu as déjà fait beaucoup de scènes?

J’ai fait une tournée l’an passé, où j’ai chanté dans beaucoup de bars de Bruxelles. J’avais des projets pour cet été, mais avec le coronavirus, on a dû s’adapter.

Et à la place, tu as été en studio pour enregistrer des chansons?

Oui. Cinq jours intensifs en juillet puis on remet ça en septembre, en espérant que ça suffira pour boucler l’album.

Ta chanson de l’été, c’est «La Mer». Tu nous l’expliques?

Dans cette chanson, j’ai voulu mettre en lumière ma vision qui change sur quelque chose, ici la mer. Pour moi, la mer c’était synonyme de vacances, beauté, infini… Ce côté poétique de la mer est toujours là, mais depuis peu, je vois la face cachée de la mer. Ce qui est noir…

Qu’est-ce qui a déclenché l’écriture de cette chanson?

J’avais regardé un reportage sur l’état des océans. J’ai été choquée de ma prise de conscience tardive de la situation.

Mais tu ne parles pas que de pollution dans ta chanson!

Non. La pollution m’a donné l’élan pour écrire la chanson. Mais je parle aussi de la crise migratoire, qui me touche beaucoup. Ces gens qui habitent dans d’autres pays, de l’autre côté de la mer, qui sont en danger, qui fuient en prenant la mer pour se réfugier chez nous… et qui, parfois, se noient pendant la traversée.

Tu parles aussi de la montée des eaux à cause du réchauffement climatique…

Oui. Dans cette chanson, je survole tout ça en faisant ressentir mes sentiments. Et pour moi, un passage important dans la chanson, c’est quand je dis «Et que serait ma vie si je n’étais pas née ici?». Ça souligne l’injustice: tu n’as pas les mêmes chances, les mêmes opportunités, selon l’endroit où tu es né.

Le clip de «La Mer» est très symbolique. Tu es enfermée dans un cube et l’eau monte, menace de te noyer, sous les yeux des gens qui te regardent sans t’aider…

Oui. On a représenté la mer dans un musée comme si c’était une œuvre qu’on observe sans approcher. Les gens prennent des notes, regardent, mais ils restent passifs, ils ne réagissent pas. Dans la vraie vie, il y a cet aspect: on regarde de loin et on constate les dégâts dans la mer, mais on ne fait pas bouger les choses. Je ne juge pas, c’est compliqué. Moi-même, j’ai pris conscience de tout ça assez tard.

La seule personne qui réagit dans le clip, c’est un enfant!

Oui, c’est une fille qui représente deux choses: moi petite, qui voyais la mer autrement, et la génération future qui va peut-être être plus impliquée et vouloir être active. Je l’ai remarqué dans les manifestations des jeunes pour le climat l’an dernier.

Tes chansons contiennent toutes des messages?

Je n’ai pas de limite. Certaines sont engagées, d’autres pas. Je n’essaie pas forcément de conscientiser les gens, je suis juste dans l’esprit de partage. Et si je peux gagner ma vie en faisant ce que j’aime, c’est quand même la classe!