Nous retrouvons Christophe Tasiaux sur une de ses terres à Boninne (Namur). Il est assis dans sa moissonneuse-batteuse. Cette machine coupe les tiges de blé et les «aspire». Elle garde les grains et rejette les tiges sur le sol: c’est de la paille, que Christophe va récupérer sous forme de ballots qui serviront pour le bétail, pailler (entourer de paille) les fraisiers, etc.

Ni trop tôt ni trop tard et sans pluie!

Christophe surveille les cultures pour moissonner dès que le blé semé fin novembre est mûr: «La paille est jaune, l’épi est recrollé et si vous essayez de croquer un grain, il doit casser sous la dent

Si le blé est mûr, il ne faut pas perdre de temps. «Si j’attends et qu’il pleut, le grain va perdre en qualité. Et puis, comme le blé mûr est sec, il laisse passer plus de lumière et d’autres plantes vont pousser comme des coquelicots, des trèfles… Et la machine ne fait pas le tri. Un peu, ça va. Mais s’il y en a trop, les pétales vont rendre le grain humide

L’humidité est un grand ennemi. Pour moissonner, le blé doit être bien sec! Christophe vient d’ailleurs de prendre un échantillon de grains pour en faire mesurer le taux d’humidité par sa fille. «Il faut qu’il fasse à peu près 14-14,5% d’humidité. Sinon, le grain va commencer à moisir dans le hangar.» Si c’est bon, Christophe va se dépêcher de moissonner, éventuellement de nuit!

Moulu en farine

Le blé récolté sera conservé dans un hangar un bon mois avant d’être moulu en farine. Et comme Christophe n’utilise aucun produit chimique, c’est de la farine bio: «On a notre moulin, ce qui est très rare. Avant, on cultivait les céréales et on ne savait pas où elles allaient aller. C’était un peu triste. On essayait de les cultiver le mieux possible et puis on les vendait à un grossiste, à un prix qu’on ne décidait pas. Il y a des années où on vendait à perte. Maintenant, on moud notre farine et on la vend au prix qu’on décide, ici à la ferme ou via la coopérative Paysans-Artisans, et à deux ou trois boulangers. Donc si on n’a pas d’imprévu, on rentre dans nos frais.»

Une partie des grains de blé seront semés en terre l’an prochain. «J’essaie aussi d’autres variétés. Suivant le terrain, je cherche, je teste une sorte ou l’autre, je vois celle qui convient bien à tel ou tel terrain. J’ai du seigle, de l’épeautre, du petit épeautre… Et puis, je fais tourner chaque année les cultures sur les terres, pour éviter les maladies. Donc, là où j’implante du blé, je vais revenir seulement cinq ou six ans plus tard avec du blé. Et souvent, je mets deux ans de luzerne, une plante qui ressemble à un grand trèfle avec une fleur mauve. Elle enrichit et décompacte le sol, le nettoie, épuise les mauvaises herbes… et on la donne au bétail

Le long du champ, des fleurs poussent: tournesol, sarrasin, phacélie… «C’est une bande messicole, qui sert à attirer les insectes. J’essaie de préserver une certaine biodiversité (diversité d’espèces vivantes). Depuis que je fais ça, je n’ai plus d’invasion de pucerons ou de limaces par exemple. Les pucerons sont mangés par les coccinelles. Les limaces par les grenouilles et les hérissons…»

Utile et joli!