L’excitation est palpable ce mardi matin dans la classe de Monsieur Christophe. Et il y a de quoi. Une vidéoconférence avec un spationaute, ce n’est pas un événement courant.

Installation de la classe, répétition des questions, consignes aux élèves qui suivent le cours en vidéoconférence, tout doit être prêt pour 9h précises! Après quelques sonneries, Frank De Winne apparaît, souriant, sur le grand écran.

Depuis plusieurs années, Monsieur Christophe entretient des contacts avec le spationaute, premier Européen à avoir commandé la Station spatiale internationale (ISS). En matière de confinement, il s’y connaît, puisqu’il a effectué une mission de six mois dans l’espace. Son témoignage est donc très intéressant, par rapport à la situation que nous avons vécue ces dernières semaines. C’est depuis sa maison, en Allemagne, que Frank De Winne a répondu aux questions des élèves.

+ Retrouvez les trois premières questions dans la vidéo ci-dessus.

«Ce qui est le plus dur, lorsque l’on est confiné dans l’espace, c’est de ne plus voir sa famille, explique-t-il. On reste en contact par «téléphone» et par vidéoconférence, mais ce n’est vraiment pas évident.»

Pourtant, l’éloignement de l’ISS, placée en orbite autour de la Terre à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de nos têtes, est dans ce cas considéré comme un atout pour Frank De Winne, pour gérer l’absence de contacts.

«Avant de partir en mission dans l’espace, on est mis en quarantaine (isolés) dans «L’hôtel des Cosmonautes», raconte-t-il. C’est difficile, car on sait que nos familles ne sont pas loin, mais on ne peut pas les voir. Cela ressemble au confinement qu’on a tous connu avec le coronavirus. Quand on est dans la station spatiale, on sait qu’il est impossible de voir nos proches. C’est donc plus facile. On est moins tenté.»

Passionné par l’espace, Christophe Modave s’est lié d’amitié avec Frank De Winne et en fait profiter ses élèves.

La préparation joue aussi.

«Thomas Pesquet est déjà en train de se préparer pour une mission qui n’aura lieu que l’année prochaine, explique Monsieur Christophe. Cela ne lui tombe donc pas dessus. Il peut anticiper la séparation à venir.»

Pour entretenir le lien, les familles des spationautes en mission peuvent leur faire parvenir des petits cadeaux, comme nous avec nos proches. Mais le transport utilisé est bien différent! «Nos familles ont le droit de mettre un petit paquet dans le véhicule cargo (vaisseau spatial) qui ravitaille la station environ tous les deux mois, raconte Frank De Winne. Il doit être petit et léger. On peut recevoir du chocolat, par exemple.»

Au fil des questions, les élèves apprennent de nombreuses informations sur la vie dans la station: à quelle heure se réveillent les spationautes (6h30 GMT), quelle réserve de nourriture possèdent-ils (de quoi se nourrir pendant trois mois), comment se lavent-ils (avec très peu d’eau et du savon), la température de l’air de l’ISS (+/- 22°C), …

Posant leurs questions tour à tour, les élèves ont écouté attentivement les réponses de l’astronaute.

C’est le moment de se dire au revoir, Frank De Winne a une réunion de travail, par vidéoconférence, elle aussi. Dans la classe, la tension baisse d’un coup, on se sourit et on commente l’extraordinaire interview. La conclusion? «C’était stressant avant mais, une fois qu’on y était, c’était bien», entend-on à plusieurs reprises.

Pour les élèves, la matinée se poursuit avec une visite guidée en vidéo de l’ISS en compagnie du spationaute français Thomas Pesquet.

Une visite qui en met plein la vue après une interview du même type!