Avez-vous déjà fait un herbier? Vous savez alors qu’il faut bien choisir sa plante, la mettre à plat avec prudence, la faire sécher entre des feuilles de papier journal…

Cette activité, des scientifiques la pratiquent avec le plus grand soin un peu partout sur le globe. Ils enrichissent des herbiers géants, des collections nationales. C’est le cas de Julio Betancur, en Colombie.

Cet homme traverse les forêts et les jungles de son pays depuis une trentaine d’années. Il lève les yeux, scrute, observe, et repère des spécimens intéressants. Il a déjà récolté environ 24 000 échantillons, qu’il a identifiés et classés ! Comment les reconnaît-il, quand il est en pleine jungle? Dans un film qui lui est consacré, il explique: «Pour moi, reconnaître une plante au milieu de la forêt, c’est comme reconnaître un être cher, un père, une mère, un ami…»

Au cours de ses expéditions, Julio marche, grimpe aux arbres pour décrocher une plante en hauteur, escalade, pagaye sur un cours d’eau… Quand il s’arrête pour récolter une plante, il prend des photos, note des renseignements comme l’endroit précis de la récolte… Le soir, il reprend ses échantillons du jour, note toutes les informations possibles, et confectionne avec soin l’emballage dans du papier journal pour faire sécher la plante.

Malgré les dangers

Julio est passionné et a une mémoire phénoménale. Mais ses explorations ne sont pas sans danger: morsures, piqûres et autres attaques d’animaux, risque de chutes… Certaines plantes sont urticantes, ont des immenses épines…

Et puis, des groupes armés et des narcotrafiquants (qui vendent de la drogue en cachette) font régner la terreur en n’hésitant pas à enlever, attaquer ou tuer des gens. Cette violence a heureusement diminué, mais Julio connaît ces menaces. Il a d’ailleurs été kidnappé une fois, et retenu quelques jours, avec un groupe de chercheurs. Il négocie donc toujours avec les personnes sur place, autorités légales et chefs de groupes armés, pour pouvoir explorer des zones.

À quoi tout cela sert-il?

De retour à Bogota, la capitale, Julio classe et intègre ses récoltes à l’herbier national.

Grâce à cet herbier, on peut savoir quelles plantes poussent où… et à quelle époque. En effet, certaines espèces ramenées par Julio ont, depuis, disparu. Il faut dire que des centaines de milliers d’hectares de forêts ont été rasés en Colombie depuis 2010, pour cultiver, creuser des mines clandestines (secrètes, cachées)…

La seule trace de la présence passée de certaines plantes, c’est l’herbier et les plantes que Julio a ramenées !

Julio a aussi découvert une cinquantaine d’espèces, que personne n’avait décrites ni nommées avant lui.

Guillermo Quintero a réalisé un film documentaire qui montre Julio Betancur et Carlos, un étudiant, en pleine expédition. Pour moins d’un euro, on peut voir Homo Botanicus, sous-titré en français, sur le site www.mowies.com.