L’association liégeoise Entrevues forme des chiens guides depuis 30 ans. Ils apportent de l’autonomie et de l’indépendance aux personnes déficientes visuelles (ayant des problèmes de vue). Il faut environ deux ans pour qu’un bénéficiaire «reçoive» son propre chien guide. Pour éviter de voir ce délai allongé, l’association a décidé de tout faire pour continuer la formation des chiens malgré le confinement.

Confinés, eux aussi

À l’âge de 8 semaines, le futur chien guide rejoint une famille d’accueil. Pendant près d’un an, il y vit à temps plein, avant de rentrer à l’école. Le rôle de la famille d’accueil est la socialisation du chien (que celui-ci puisse s’intégrer dans la société). Sa mission est donc, en théorie, d’emmener le chien d’accueil partout et de suivre des séances d’éducation collectives (en groupe).

«Nous n’encourageons pas le fait de prendre le chien partout actuellement, précise Jeff Bertemes, porte-parole de l’association. En compagnie du chien, il est difficile de conserver une distance de sécurité. Il nous a semblé logique de ne pas compliquer la vie des autres, dans les magasins et les transports en commun. »

Les futurs chiens guides sont donc eux aussi confinés.

Tutos des Toutous

Impossible également de tenir les séances d’éducation collectives.

«Plus de 20 chiens se trouvent actuellement en familles d’accueil , explique Jeff Bertemes. Les familles reçoivent des vidéos, les «Tutos des Toutous», afin de réaliser ou de consolider un objectif tout en restant à la maison.»

Comme les élèves et étudiants, les futurs chiens guides, suivent l’école à la maison. Les familles d’accueil et les monitrices de l’association restent en contact par vidéos interposées.

La formation des chiens guides coûte beaucoup d’argent.

«Il est important qu’aucun des chiens en cours de formation ne soit plus candidat au poste de chien guide par manque de stimulation et d’apprentissage», conclut la directrice de l’association, Joëlle Huart.

EN SAVOIR PLUS

L’association Entrevues existe depuis 30 ans. Son but est de former des chiens guides qui apportent de l’autonomie et de l’indépendance aux personnes déficientes visuelles. En 30 ans, environ 150 chiens guides ont été formés et remis à un bénéficiaire en Belgique.

Le porte-parole de l’association nous en apprend plus sur les chiens guides.

Monsieur Bertemers, quels chiens sont amenés à devenir chiens guides?

Des chiens qui montrent, dès le plus jeune âge, des signes de courage, d’intelligence, qui ne sont pas peureux et se montrent volontaires. Ce sont des qualités dont ils auront besoin dans leur «métier». Les labradors et les goldens ont par exemple la taille idéale pour être chiens guides. Et puis, ils ont une image positive dans la tête des gens.

Qui sont les bénéficiaires des chiens formés?

Des personnes déficientes visuelles qui doivent répondre à une série de critères. Elles font la demande et puis il faut en moyenne deux ans avant qu’un chien soit disponible. On les rencontre, on va voir leur maison. Il faut que le projet tienne la route, ait du sens. Ensuite, on cherche à leur proposer un chien avec qui ça colle au niveau du caractère. Malheureusement, on n’a pas assez de chiens disponibles pour le nombre de personnes qui en auraient besoin.

En temps normal, tous les chiens terminent la formation?

Non, certains sont réformés (arrêtent la formation). Si le chien ne se montre pas intéressé ou s’il ne convient pas, on n’insiste pas. S’il a des problèmes de santé ou des problèmes de comportements, on le réforme. L’animal peut alors être dirigé vers une autre association d’aide aux personnes handicapées, ou être adopté par une famille. La famille d’accueil est alors prioritaire. Notre but premier est que les chiens soient heureux. On les aime profondément nos petits chiens.