Sur les vingt-six enfants âgés de trois à treize ans qui vivent habituellement au «Château», ils ne sont plus que onze depuis le début du confinement. «Quand les mesures sont tombées, ceux qui étaient dans leur famille y sont restés, explique Letizia Tagliafero, la directrice de l’institution. On garde des contacts téléphoniques avec les parents, pour s’assurer que tout se passe bien. Même si on espère que cette situation ne durera pas trop longtemps. Mais tous les cas de justice sont évidemment restés chez nous. »

Qui sont ces enfants, «placés par le juge»? «Des enfants qui n’ont pas la chance d’avoir une famille «normale» et qui ont subi de la maltraitance psychologique et/ou physique, définit Letizia Tagliafero. Pour les protéger, on les met dans un centre. Sa mission est de travailler le lien familial. Le but est que l’enfant puisse réintégrer (rentrer dans) sa famille dans de bonnes conditions. Mais ce n’est pas toujours possible.»

Des interrogations

D’un côté, un groupe d’enfants est donc retourné vivre avec ses parents. De l’autre, des enfants ne peuvent plus voir les parents qu’ils rencontraient quelques heures par mois, dans un lieu «neutre» (en dehors de l’institution).

«Les enfants ne comprennent pas forcément les mesures de confinement, car ils ne sont pas malades, explique la directrice. On leur explique, mais cela reste compliqué; surtout pour les plus jeunes».

Comment, dans ces conditions, continuer à travailler sur le lien entre parents et enfants? « Nous avons autorisé plus de coups de téléphone qu’habituellement. Les enfants peuvent appeler leurs parents, grands-parents ou famille de parrainage plus régulièrement, ça leur permet de souffler», concède Letizia Tagliafero.

En mode vacances

Au début du confinement, une certaine tension était présente. «Les informations n’étaient pas claires, cela pouvait entraîner de la peur chez les enfants et les éducateurs, confirme Letizia Tagliafero. Maintenant que la situation est installée, c’est serein. Nous avons aménagé ce qui devait l’être, les horaires des éducateurs, etc.»

La vie suit donc son cours normalement, comme pendant les vacances. «Sauf que toutes les activités en dehors de l’institution sont annulées, précise la directrice. Mais nous avons la chance d’avoir un bel extérieur. On a sorti les vélos et nettoyé les bacs à sable. Et puis les cloches de Pâques sont passées…»

Deux heures quotidiennes sont aussi consacrées au travail scolaire. Cela permet de garder un rythme. En attendant la réouverture des grilles.

En savoir +

Les vingt-six enfants du Refuge vivent habituellement dans trois groupes de vie, en fonction de leur âge. Ils sont une petite dizaine pour trois ou quatre adultes.

C’est comme une grosse famille.

Confiné, le Refuge n’est pas oublié. Des petites douceurs et autres aides sont par exemple déposées devant la grille. Et la commune a fourni l’institution en masques.

Des gestes appréciés.