Une boutique d’armes à feu s’est installée dans un village au Far West, en Amérique.

Les enfants, héros de cette série, observent ce qui se passe. Comme dit Charlotte, une des héroïnes: «Depuis l’ouverture de cette boutique, tout le monde devient cinglé!»

Jérôme Jouvray, un des deux auteurs de cette BD: «J’avais l’idée de raconter la vraie histoire des Dalton. Les personnages que l’on voit dans Lucky Luke sont des personnages imaginaires inspirés de gangsters célèbres. Mais d’autres auteurs ont eu la même idée et l’ont réalisée avant moi. J’étais donc prêt à abandonner mais ma femme, qui est aussi auteur de BD, m’a suggéré de réaliser un western dans lequel les héros seraient des enfants témoins des mauvais coups de ces gangsters: la série Six-coups est née! On a réalisé ensemble le scénario, je dessine et elle assure les couleurs.»

Dans Six-coups, les filles ont des rôles importants.

Des enfants dans un western, ce n’est pas courant mais en plus, ma femme, Anne-Claire, a voulu mettre beaucoup de filles! Même si j’étais d’accord avec l’idée, je me posais des questions. Car, dans ma tête, le western, c’était des gars qui se tirent dessus, qui traversent des vitres et qui montent à cheval. Au niveau du décor, on a gardé ce côté «cliché» du western. Par contre, on a créé des personnages différents de ceux que l’on voit habituellement.

Dans votre western, il y a des armes, des pendaisons et puis de l’humour!

Oui, les enfants grandissent dans un milieu assez violent. Ils ont accès à tout: aux balles réelles et à leur part de rêve. Bianca, une des héroïnes, se balade avec un cochon apprivoisé qui s’appelle Lardon. Cette BD a été voulue avec de l’humour. Et en même temps, Bianca, au lieu d’aller à l’école, travaille dans un magasin où l’on vend des armes.

Ça m’intéressait de montrer cet univers où tout le monde est armé. Au moindre mot, une balle peut partir… En fait, ils sont tous cinglés et ça permet de faire une galerie de personnages et de se moquer de cette culture-là qui existe encore aux États-Unis. Les Américains restent fascinés par les armes et tous les week-ends, des gars sortent habillés en cow-boy pour des concours de tirs. On s’est dit que nous allions oser mettre les enfants dans cet univers-là. Parmi les trois héros, deux disent clairement que les armes, c’est dangereux. Bianca, elle, la troisième, ose tout. Ça fait rire et réfléchir.

Ce deuxième tome parle des ventes d’armes.

Nous avons vu un reportage sur les grands salons de ventes d’armes qui ont régulièrement lieu aux États-Unis. La nouveauté présentée, dans ce reportage, était des armes colorées pour séduire un public jeune et féminin. Ça nous a choqués! On a voulu le glisser dans l’album. Dans l’histoire, le marchand d’armes est prêt à tout.

Le dessin est fait de couleurs claires. Cela donne un air joyeux.

On aimait bien parler de sujets importants mais on voulait le faire avec un air léger et un ton humoristique. C’est une façon de prendre nos lecteurs enfants au sérieux. Il y a 46 pages, rythmées. On a même envie de continuer à s’interroger dans le prochain album sur cette question des armes. Les enfants ont des armes en main. Que va-t-il se passer si une balle ricoche et tue quelqu’un?

Il y a aussi beaucoup de sensibilité. Quand Eliot, un des héros, croise Charlotte, il rougit!

Oui (rires), ça, c’est notre fille qui l’a demandé. Elle voulait qu’il y ait des aspects légers et que le lecteur se demande si ces deux héros vont s’embrasser!

Six-coups, Les marchands de plombs, Jouvray (Anne-Claire) . Jouvray (Jérôme), éd. Dupuis.