Quelle est votre mission?

Meryl Ozer: Nous sommes un service d’urgence engagé 24 heures/24 et 7 jours/7. Nos missions sont l’accueil, l’intervention suite aux appels au numéro 112 et l’assistance aux victimes.

En quoi la crise du coronavirus impacte-t-elle votre travail?

Meryl Ozer: Nous continuons nos missions habituelles. Et nous avons de nouvelles interventions qui découlent de la problématique du coronavirus: contrôler le caractère «nécessaire» des déplacements, les regroupements, etc.

Sébastien Evrard: Les gens appellent moins le numéro 112. Ou alors, ils l’appellent pour dénoncer le non-respect des règles auquel ils assistent ou dont ils ont connaissance. Notre mission, c’est d’aller voir sur place et de constater.

Meryl Ozer: Forcément, les missions sont adaptées car le style de vie des personnes est adapté. Par exemple, on constate moins de vols à domicile, car les personnes sont beaucoup plus présentes chez elles.

Sébastien Evrard: C’est en tout cas notre ressenti. Vu les circonstances, nos services administratifs ne travaillent pas, donc les statistiques arriveront plus tard.

Les mesures de confinement sont-elles bien respectées?

Meryl Ozer: Globalement, on sent que les gens essayent de bien faire, mais parfois, ils sont un peu perdus. Les règles ne sont pas toujours bien comprises. Une personne qui effectue un tour en voiture pour se changer les idées n’a pas l’impression de faire quelque chose de mal. Pourtant, elle n’effectue pas un déplacement nécessaire. Elle pense respecter le confinement, et en fait, elle l’entrave. Notre rôle est donc aussi d’accompagner le citoyen et de l’informer.

Sébastien Evrard: Lorsqu’ils ne comprennent pas les règles, les gens n’acceptent pas toujours nos remarques. Et il arrive que certains aient des réactions agressives. Je n’y ai pas encore été confronté dans le cadre des missions liées au coronavirus, mais certains collègues, oui.

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On n’est pas à l’abri

À quelles difficultés êtes-vous confrontés?

Meryl Ozer: La difficulté principale est de réussir à aider les autres tout en réussissant à se protéger soi-même. Au final, on fait l’inverse de ce qui est préconisé pour tous: on continue de travailler, on fait un travail d’équipe… On fait attention le plus possible, mais on n’est pas à l’abri de tomber nous aussi malades.

Sébastien Evrard: Pendant une intervention, on peut avoir des contacts rapprochés avec des personnes, si l’on doit les priver de liberté par exemple. On ne sait pas toujours respecter les distances de sécurité, c’est notre réalité.

Comment vivez-vous cette prise de risque?

Meryl Ozer: C‘est un choix que j’ai fait en devenant policière. J’ai décidé de faire un métier à risques. Je n’avais pas envisagé la possibilité de cette pandémie, mais elle entre dans «les risques du métier». On se doit d’être là. On est là. Et on en est fiers.

Sébastien Evrard: On a signé pour faire ce métier. Alors on l’accepte. Au niveau familial, ce n’est pas toujours évident. Pendant cette période, j’essaye par exemple de garder une certaine distance avec mon fils et ma compagne pour les protéger.

On doit donner l’exemple

De quel équipement disposez-vous pour vous protéger?

Meryl Ozer: En plus de toutes les mesures habituelles (se laver les mains, respecter les distances sociales, désinfecter le matériel partagé, ne pas modifier les équipes, etc.), nous avons reçu des masques et des lunettes de protection.

Sébastien Evrard: Pour si l’on doit fouiller une personne, par exemple. Ou si l’on se retrouve dans une situation qui nous paraît dangereuse. Nous avons aussi reçu des salopettes de protection au cas où nous devrions aller sur un décès suspect.

Meryl Ozer: Nous devons respecter au maximum toutes les mesures de sécurité de base. Et être à l’écoute de notre corps: si on présente des symptômes, on prend contact avec notre médecin, et on accepte l’écartement. Même si on préférerait être présent pour prêter main-forte aux collègues. On doit donner l’exemple!

Le personnel médical reçoit beaucoup d’encouragements. Vous aussi?

Meryl Ozer: Je crois que la population a beaucoup de reconnaissance pour beaucoup de professions, dont la nôtre, même si cela est moins visible que pour le personnel médical. J’ai déjà reçu des remerciements et des encouragements.

Souhaitez-vous faire passer un message à la population?

Meryl Ozer: Le même que celui qu’on répète sans arrêt: «Restez chez vous, prenez soin de vous et, par la même occasion, prenez soin des autres».