Nombreux sont les travailleurs de «première ligne» qui luttent tous les jours contre la propagation du coronavirus. Parmi eux, les ambulanciers.

Thomas Francis est ambulancier 112, dans le Brabant wallon. La crise du coronavirus a évidemment des impacts sur son métier.

«Nous réalisons beaucoup moins de transports dits secondaires (en dehors des urgences), explique Thomas. Il y a aussi moins de personnes qui appellent le 112 pour des maladies autres que le covid-19. Elles semblent avoir peur de déranger.»

Pourtant, du travail, il n’en manque pas. «On travaille plus d’heures que d’habitude, ça, c’est sûr, beaucoup plus, confirme-t-il. Pour l’instant, on tient le coup. Cela resserre les liens entre les collègues. On voit apparaître un nouvel esprit d’équipe.»

Des liens plus forts, des services rendus, des gestes de solidarité… dans toutes les situations de crise, il ressort toujours un peu de positif.

«On ressent aussi que les gens ont énormément de respect pour nous, ajoute Thomas. Ils nous félicitent, nous souhaitent beaucoup de courage. On ressentait déjà de la reconnaissance avant, mais c’est beaucoup plus fort aujourd’hui. D’une certaine manière, cela nous donne du courage.»

Un risque de pénurie pour le matériel de protection

Pour continuer à travailler dans les conditions actuelles, il faut certainement un peu de courage. Mais aussi, un bon équipement de protection.

«On porte un masque de protection, une combinaison de type peintre, deux paires de gants et des surlunettes de protection», énumère l’ambulancier.

Un attirail bien lourd par rapport aux habituels seuls gants de protection. «On s’y habitue, rassure Thomas. Et avec tout cela, on se sent tout à fait en sécurité.»

Ce qui est plus compliqué, c’est d’arriver à s’équiper convenablement. Au début de la crise, Thomas et ses collègues ont fait appel à leur entourage pour récolter des combinaisons. Et les réponses positives ont été nombreuses. «Mais si la situation continue au rythme actuel, il y a un risque de pénurie (manque)», s’inquiète-t-il.

Il ne faut pas prendre de risques

Dans les ambulances aussi, il y a du changement: tout est calfeutré pour éviter que le matériel ne soit contaminé, les véhicules sont désinfectés après chaque mission et la personne transportée ne peut plus être accompagnée par un proche.

«On prend bien le temps d’expliquer aux patients et à leurs proches comment les choses vont se passer, raconte Thomas. La personne prise en charge reçoit un masque chirurgical et on lui pose toute une série de questions supplémentaires à l’habitude pour voir si elle a les symptômes du covid-19. Mais nous ne sommes pas médecins, ce n’est pas nous qui lui disons si elle est atteinte du covid-19 ou non.»

Après une communication avec la centrale des appels, le patient est conduit dans un hôpital qui a la capacité de l’accueillir. «Ensuite, notre mission se termine, explique Thomas. Si la personne que nous avons prise en charge est testée positive au covid-19, nous sommes normalement prévenus. C’est évidemment arrivé.»

De quoi avoir peur? «Je n’ai pas peur pour moi, affirme l’ambulancier. Mais j’ai un peu peur de le ramener à la maison. Mais on fait des choix. On ne reste qu’à deux, avec mon compagnon qui ne travaille plus, et on ne côtoie plus personne d’autre. Il ne faut pas prendre le risque de contaminer qui que ce soit.»

J’ai peut-être sauvé des vies

Malgré quelques craintes, hors de question pour Thomas d’arrêter de travailler. «Je me dis que j’ai peut-être sauvé la vie de quelqu’un en l’emmenant à l’hôpital pour qu’il soit correctement pris en charge, explique-t-il. Et j’ai permis qu’il ne propage pas le virus. Je me sens utile.»

Mais derrière son volant, il voit encore trop de personnes qui ne respectent pas les consignes de distanciation sociale. «Il faut garder ses distances, insiste-t-il, c’est important! C’est en faisant attention à tous les détails qu’on arrivera au bout de cette pandémie.»

Quand? Patience … Personne n’a encore la réponse.

Au travail malgré la crise du coronavirus

+ LIRE AUSSI| «Dans notre magasin, nous avons un rôle à jouer»

+ LIRE AUSSI| «Si on ne ramassait plus les déchets, la crise pourrait être pire encore»

+ LIRE AUSSI| «Un peu de peur» pour cette factrice, qui ne l’empêche pas de travailler

+ LIRE AUSSI| Derrière son comptoir, ce pharmacien se sent en sécurité