«Le Prince oublié» raconte l’histoire d’un papa qui perd son statut de héros et qui est remplacé par le petit ami. Ça vous a parlé, cette histoire?

Omar Sy: Je pense que ça parle à tout le monde, pas seulement aux papas. On a tous, à un moment donné, une place qu’on perd.

François Damiens: C’est vrai que le plus beau cadeau de la vie, c’est d’avoir un enfant. Après, on fait tout pour qu’il vive son indépendance le mieux possible et qu’il prenne son envol. Au moment où il part, on se fissure un peu, mais on ne lui montre pas, même si on a peur pour lui. Ce film le montre de manière poétique, à travers une fable.

Dans le film, le monde du père de Sofia s’effondre parce que sa fille grandit. C’est une vraie tempête, c’est dévastateur et effrayant !

Omar Sy: Oui, le monde du père s’écroule et il n’ose pas trop le dire. C’est une crise pour tout le monde, l’adolescence, pas que pour le jeune. Et le film montre bien que c’est le papa qui panique. Mais la bonne nouvelle, c’est que de toute façon, à la fin, il n’y a jamais de fin !

Oui, c’est une histoire sans fin… À propos d’histoire, le papa en raconte une à Sofia tous les soirs. Il le fait pour lui ou pour elle?

Omar Sy: Avec nos enfants, on ne sait jamais si on fait pour eux ou pour nous ! Quand on raconte une histoire, quand on décide d’aller prendre une glace, quand on veut aller sur tel manège… c’est pour son enfant, ou pour soi? On ne sait jamais mais on s’en fout, l’important, c’est qu’on le fasse et que les deux se sentent bien. Si un des deux ne veut plus, il faut que l’autre lâche. Et c’est ça qui est compliqué. C’est ce qu’on raconte dans le film.

Les histoires, c’est important, même pour les adultes?

Omar Sy: Oui, bien sûr. L’homme a besoin d’histoires. C’est comme ça qu’on se rappelle de ce qui s’est passé avant, des récits… Et nous, on ne fait que ça, dans notre métier: raconter des histoires!

Dans les passages du film qui représentent les histoires, vous êtes dans des décors et un univers «irréels». Ce sont des images de synthèse ajoutées après, avec des personnages virtuels? Vous avez tourné ça comment?

Omar Sy: Il y avait beaucoup de fonds verts (il fallait jouer devant un fond tout vert puis, après, sur ordinateur, on a remplacé le vert par des images). Il y avait des petits éléments de décors et on devait tout se créer dans la tête pour jouer. Pour d’autres scènes, on avait beaucoup de décors. Donc, ça variait.

François Damiens: Sur fond vert, on devait être très concentrés. Comme c’était artificiel, on devait regarder au même moment au même endroit, par exemple. Si une explosion a lieu à droite, il ne faut pas qu’un de nous regarde à gauche. Donc on devait imaginer les mêmes choses, se mettre d’accord, et essayer que ce soit crédible une fois les effets spéciaux mis en place. C’était compliqué et fatigant, mais ça valait la peine !