Se dit-on bonjour partout de la même façon dans le monde ? En Belgique, ou en France, on a pris l’habitude de s’embrasser pour se saluer. On «se fait la bise», comme on dit. Et cela nous paraît tellement normal qu’on a l’impression que cette pratique a toujours existé. Mais ce n’est pas le cas! La pratique est même plutôt récente.

Des baisers… depuis l’Antiquité

 

Selon les historiens (personnes qui étudient l’histoire), la bise apparaît dès l’Antiquité comme mode de salutation. Celle-ci se fait alors uniquement entre personnes de même rang social, avec la bouche fermée sur la joue, la main ou les lèvres.

La pratique sera cependant interdite entre homme et femme en 397, par le Concile (réunion de prêtres et d’évêques dans la religion chrétienne durant laquelle ils décident de règles à respecter) de Carthage. Le baiser se fait seulement sur la bouche ou l’anneau (bague que l’on porte à l’annulaire) et surtout, uniquement entre hommes!

Au 14e siècle (années 1300), le baiser pour se saluer disparaît totalement à cause de l’épidémie de peste noire (très grave maladie qu’on ne savait pas soigner et qui entraînait la mort). À l’époque, on ne sait pas encore expliquer comment les maladies s’attrapent mais on pense que les virus se transmettent, entre autres choses, par le contact physique comme la bise. On sait aujourd’hui qu’ils avaient raison.

À la Renaissance et jusqu’au 18e siècle (années 1700), on s’embrasse à nouveau pour se saluer dans certains milieux. Au 19e siècle, s’embrasser en public redevient interdit. Les baisers sont réservés aux couples de sexe différent et ils le resteront pendant de très longues années.

Une habitude récente

 

Contrairement aux idées, la bise n’a donc pas toujours été une habitude chez nous pour se saluer. Le bisou qu’on connaît aujourd’hui apparaît seulement dans les années 70 en Belgique.

En mai 1968, la France vit une période agitée. Pendant environ un mois, les étudiants français se rebellent contre la société et organisent une série de grèves et de manifestations pour faire entendre leur voix. Ils protestent contre l’autorité, les adultes, la guerre… Ils veulent changer l’ordre établi et obtenir plus de droits et de libertés. C’est à ce moment que le baiser revient en France, comme un signe de révolution. Il est une manière pour les étudiants de se distancier (se montrer différents) de leurs aînés (personnes plus âgées qu’eux) et des codes de la bourgeoisie en brisant l’interdit. Une nouvelle coutume s’installe alors, qui ne va pas tarder à traverser la frontière et arriver en Belgique…

Depuis, il est devenu extrêmement courant de se faire la bise pour se saluer. On embrasse sa famille, ses amis, ses collègues… Ce qui n’est pas forcément le cas partout dans le monde! Car l‘histoire est différente. Dans certains pays, la bise est mal vue et met mal à l’aise. Dans d’autres pays, on ne se contente pas d’un seul bisou sur la joue comme chez nous mais de trois ou quatre baisers, comme dans certaines régions de France. Eh oui, dans un même pays, les habitudes peuvent changer. En Belgique, qui est pourtant un petit pays, on observe une sacrée différence entre Wallons et Flamands. Selon une étude de 2019 lancée par la marque belge Crocky, 90% des Wallons feraient la bise à leurs amis contre 55% en Flandre. Preuve s’il en fallait une que la bise, c’est d’abord une question de culture, et qu’elle n'est nullement obligatoire!

On le rappelle, en cette période d'épidémie de coronavirus, on ne se fait plus la bise. Compris ? 😉