Mélanie Saeremans est psychologue (elle aide les personnes qui se sentent mal par rapport à certaines choses dans leur vie). Elle coordonne la Clinique du jeu à l’hôpital CHU-Brugmann (Bruxelles). Elle rencontre surtout des jeunes dépendant aux jeux vidéo (qui ne savent pas s’arrêter de jouer) et connaît les liens entre ados et écrans.

On lui demande donc pourquoi, à partir de 12-13 ans, on est tenté de rester accroché à son smartphone. Sa réponse: «Le jeune a besoin d’être hyperconnecté aux autres de son âge. Il reste aussi branché pour s’informer, s’exprimer. C’est un espace de construction identitaire (où le jeune se construit). Cela permet de se projeter dans un autre espace et un autre temps que sa chambre, sa maison, avec ses parents. Sur écran, il peut s’affirmer par lui-même, exprimer ses idées ».

Et cette manie de faire des selfies, de publier des Instas ou des TikTok? «Ça répond à un besoin d’exister, d’avoir de la reconnaissance de la part des autres. Souvent, on rêve de devenir quelqu’un d’unique, d’important. Avoir sa propre chaîne peut répondre à ça aussi».

S’exposer ainsi peut être risqué. Il faut être prudent et ne pas publier n’importe quoi. Il y a des dangers, des mauvaises rencontres, des images pornographiques qui circulent, mais il y a aussi les jugements négatifs, les critiques, le harcèlement… «En effet, et on n’y est pas préparé. Il faut pouvoir en parler avec ses parents et mettre en place des balises, des protections».

Faire écran aux écrans?

Des parents interdisent les écrans… «Diaboliser le smartphone n’est pas bon. C’est enfermer son jeune dans une position infantile (d’enfant) dont il essaie de sortir.» Et on l’a compris, c’est aussi le couper de ses amis et de certains besoins. «Mais évidemment, les parents doivent mettre des limites. Il faut conserver des moments où on communique vraiment en famille, comme les repas. Ou couper les écrans pendant le travail scolaire et la nuit. On peut mettre une boîte à smartphones à la maison, pour déconnecter tous ensemble, de temps en temps

Les limites ne dépendent pas seulement de l’âge. Les parents doivent tenir compte de la maturité de leur enfant, de sa vie, ses activités, ses soucis… Il faut garder un équilibre. À l’adolescence, il est normal d’être passionné. Mais il faut voir si la passion pour les jeux ou le monde virtuel n’a pas d’impacts négatifs sur la vie. Si c’est problématique, on peut se faire aider.