Chaque année, le carnaval d’Alost attire quelque 100 000 visiteurs durant les trois jours gras qui précèdent le carême (période de jeûne d’une durée de 40 jours dans la culture chrétienne), du dimanche au mardi. Une tradition qui existe depuis 600 ans déjà et qui célèbre, comme tous les autres carnavals, la fin de l’hiver.

L’art de la satire

Mais le carnaval d’Alost a ceci de particulier qu’il emprunte ses idées de costumes à l’actualité de l’année écoulée et qu’il la revisite de manière satirique (critique moqueuse humoristique). À cette occasion, des dizaines de chars décorés et de groupes de personnes déguisées défilent dans les rues lors du célèbre cortège organisé le dimanche. 2 000 personnes environ y participent. Pour beaucoup, le carnaval est le fruit d’un long travail de préparation qui dure toute l’année.

Dans le cortège, on retrouve les fameux géants qui représentent des personnalités publiques qui sont caricaturées (reproduites de manière déformée pour faire rire) à l’extrême. À Alost, durant le carnaval, c’est simple: on se moque de tout et de tout le monde! D’ailleurs, lors de ces festivités, le prince du carnaval est proclamé maire d’Alost et la clé de la ville lui est remise lors d’une cérémonie qui tourne en ridicule les hommes politiques de la ville.

En 2010, le carnaval d’Alost entrait d’ailleurs au patrimoine immatériel de l’Unesco, afin de protéger cette tradition héritée de nos ancêtres.

Une polémique qui pique

Moins de dix ans après, en 2019, le carnaval d’Alost était pourtant retiré de cette liste du patrimoine immatériel de l’Unesco. En cause ? Un char accusé de véhiculer des clichés (idées simplistes) antisémites (racistes envers les Juifs) et incompatible avec les critères de sélection de l’Unesco. Le bourgmestre de la ville, Christoph D’Haese, s’était alors défendu de tout acte raciste. Il avait tenu à rappeler l’origine de ce carnaval qui aime se moquer de tout le monde et invoqué le droit à la liberté d’expression. Pour la loi, rien ne pouvaît être reproché aux carnavaliers, puisqu’il n’y avait pas d’intention de leur part de blesser des gens.

Les gens choqués

Un an plus tard, tous les regards étaient à nouveau rivés sur la Flandre et le carnaval d’Alost. Et ces regards ont été très critiques! Dans le cortège, on a pu apercevoir des géants représentant les Juifs sous forme d’insectes ou avec un long nez crochu. À leurs côtés, des participants déguisés en officiers nazis qui rappellent les terribles événements de la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle des millions de Juifs ont été tués par les nazis allemands.

Ces images ont choqué. Les associations juives considèrent que ces caricatures sont blessantes pour leur communauté. Et même dangereuses car elles renvoient à de vieux préjugés qui ont déjà fait beaucoup de victimes.

En dehors de la Belgique aussi, le carnaval a suscité la polémique! De nombreux médias étrangers ainsi que des personnalités publiques ont exprimé leur mécontentement. Selon eux, il n’est pas normal que de telles images soient présentées durant un carnaval qui réunit des familles avec des enfants. De leur côté, les «carnavaliers» ont assuré ne pas avoir voulu faire de mal à quiconque et rappelé que tout cela n’était que de l’humour.