Chaque Européen produit en moyenne 486 kg d’ordures ménagères par an! C’est après avoir fait ce constat que deux Français, Bénédicte Moret et son conjoint Jérémie Pichon, se lancent le défi de vivre une année (presque) sans déchet. Ces Français l’ignoraient alors, mais c’était le début d’une vaste aventure!

«On s’est lancé dans le zéro déchet il y a cinq ans. Il n’y avait pas de magasins de vrac (où l’on achète les produits sans emballage). On a dû inventer les solutions. Nous avons choisi de faire cela comme un jeu, de façon rigolote, avec nos deux enfants. On a essayé de trouver des recettes pour remplacer les produits d’entretien, les produits d’hygiène comme les shampooings par exemple.»

Avez-vous changé beaucoup de vos habitudes?

Dès le début, nous avons vidé notre poubelle et regardé ce qu’il y avait dedans concrètement et on s’est rendu compte qu’il y avait d’un côté l’alimentation et ses emballages et puis d’un autre côté les objets de consommation (les vêtements notamment). On a dû déserter les supermarchés car les emballages agroalimentaires (faits par l’industrie qui transforme un produit agricole en aliment consommable par l’homme) sont quasi tous en plastique. On s’est dirigé vers les marchés et les producteurs locaux. Ce geste permet de donner de l’argent aux commerçants et aux producteurs de notre région.

Et pour les objets?

On a pris l’habitude, avant d’acheter, de se demander si on en a vraiment besoin. La plupart du temps, c’est «non». On a donc réduit nos achats. Le zéro déchet nous a permis de réduire notre budget (dépenses) d’un cinquième!

Et si l’on doit vraiment acheter un pull pour l’hiver, par exemple, on l’achète d’occasion. Ainsi, on évite tous les déchets cachés, c’est-à-dire les déchets créés lors de la fabrication d’un objet neuf (emballage, transport…). Ces déchets cachés sont entre 3 et 10 fois plus lourds que l’objet en lui-même. Une brosse à dents pèse entre 20 et 30 g mais sa fabrication génère (crée) 1,5 kg de déchets! Et ce n’est qu’une brosse à dents, imaginez ce que c’est pour un ordinateur. Donc, acheter d’occasion réduit les déchets.

Nous veillons aussi à prolonger au maximum la vie de l’objet. On le répare. Et pour les objets que l’on n’a pas envie d’acheter d’occasion, comme les sous-vêtements, on achète chez des commerçants de la région, qui fabriquent avec des matières premières écologiques.

Et les résultats?

Au début, on avait une poubelle de 20 litres par semaine. On avait déjà un compost (ce qui est déjà 30% de la poubelle). Et la deuxième année, on en était à une poubelle de 20 litres par mois. La troisième année, c’était deux poubelles de 20 litres par an. Et depuis, on a juste un bocal d’un litre pour une année entière. Donc, c’est possible! Et j’aime la mode, j’aime porter de chouettes vêtements que je trouve en seconde main, y compris pour les enfants. Ils ont de chouettes pantalons à deux euros. C’est imbattable. Mes enfants ont 9 et 12 ans et ils ont toujours vécu comme ça, cela leur semble normal.