Rires et papotages à l’entrée… Les élèves de 6e de l’école Victor-Heuskin de Chênée (Liège) entrent dans la première salle et s’asseyent. Le noir se fait.

Des images racontent: la fin de la Première Guerre mondiale, la situation en Europe et, surtout, en Allemagne.

Un homme sévère, avec une petite moustache, surgit sur les écrans: Adolf Hitler. C’est un habile orateur et grand manipulateur: il parle bien, arrive à séduire et convaincre les foules avec des slogans simplistes et faux. Il crée un parti, le parti nazi, et met sur pied une police spéciale. Il fonde un mouvement de jeunesse qui va «apprendre» aux jeunes à devenir obéissants, aux garçons à devenir des hommes forts qui vont servir leur pays, et aux filles à devenir des femmes qui vont s’occuper de leur maison et de leurs enfants.

Le nazisme se répand

Dans toute l’Allemagne, les idées nazies d’Hitler s’imposent. Ceux qui ont des idées différentes sont arrêtés ou tués. Dans les années 1930, les Allemands apprennent à ne plus avoir d’opinions personnelles, à perdre leur esprit critique, à obéir, à intégrer les idées du parti. Parmi elles, la haine des Juifs, mais aussi de ceux qui sont «différents», présentés comme «inutiles» ou «nuisibles» (qui peuvent nuire, être mauvais) à la grandeur du pays: les handicapés, les homosexuels, les Tziganes (peuple de voyageurs), les vagabonds (pauvres sans travail ni logement)…

Le gaz et les camps

Les élèves progressent dans des décors différents: un bureau de la Gestapo (police qui travaillait pour les nazis), un wagon de train… Au fil du parcours, on entend des bruitages, des explications et des récits. On écoute notamment le témoignage (récit vécu) de Paul, 11 ans.

Des films d’époque montrent ce qui s’est passé. On voit des objets, des photos. On découvre les camps de concentration, d’extermination, les chambres à gaz. L’ambiance est lourde: on réalise que ce qui s’est passé est terrible. L’histoire, ici, a des visages.

Résister aujourd’hui

À la sortie, Nicolas nous attend. Il invite les enfants à poser des questions, à réagir. «Pourquoi vous montrer ça?» Les élèves répondent: «Pour éviter que ça se reproduise», «Pour montrer ce qui s’est passé », «Pour qu’on s’en souvienne»…

Nicolas relance: «Comment pourrait-on éviter que ça se reproduise?» Les élèves prononcent alors les mots démocratie, préjugés… Nicolas élargit le débat et parle des choix que l’on fait aussi, chacun, tous les jours. Dans un bus ou en rue, quand un groupe ennuie une fille, quand quelqu’un s’en prend à quelqu’un qui est trop petit, trop grand, trop gros, trop noir, trop jaune…, comment réagit-on et pourquoi? Est-ce qu’on se laisse entraîner par le groupe, ou est-ce qu’on résiste pour défendre ses propres idées? Réfléchit-on de manière libre et personnelle avant de faire des choix? Quelles idées accepte-t-on ou défend-on?

Avant de sortir, les portraits de certaines personnes sont peints sur le mur. Ce sont des «résistants» du monde, des gens qui ont osé s’opposer, pour défendre leurs droits et ceux des autres.

Plus jamais ça!, exposition permanente des Territoires de la Mémoire, à Liège.

www.territoires-memoire.be/plusjamaisca