Nous les découvrons assis sur des chaises de camping au bord d’un petit chemin à Xhoris (Ferrières, province de Liège). Ils sont huit et font face à un vaste champ. La vue est bien dégagée.
«Bonjour! », dit Louis en nous serrant la main avant de se retourner vers Joëlle: «Huit pinsons. »
Ces passionnés d’oiseaux viennent à cet endroit tous les matins, sept jours sur sept, entre le 1er août et début novembre. Armés de jumelles et d’appareils photo, ils scrutent le ciel, identifient les oiseaux qui passent, et les comptabilisent. Et cela, quel que soit le temps; vent, froid, pluie battante… Louis explique: «On encode nos observations sur Internet, sur un site européen de comptage. D’autres font la même chose à d’autres endroits. Et des scientifiques utilisent toutes ces données (informations) pour leurs études sur les migrations des oiseaux.»
Les observations ont commencé à Xhoris il y a 25 ans. Cet endroit se trouve sur un couloir migratoire. «C’est René qui a repéré ce site. Beaucoup d’oiseaux passent ici, en allant plus ou moins du nord-est vers le sud-ouest. Évidemment, ça dépend aussi du vent... Joëlle, quatre alouettes ! »
Soudain, tout le monde se lève et empoigne son appareil photo: «C’est un milan royal, ça, non? » Confirmation… Les appareils crépitent.
Des pensionnés passionnés
«On est tous des passionnés de photo et d’ornithologie (science qui étudie les oiseaux) . On a suivi des cours d’ornithologie, certains trois ans,en cours du soir. On est capables de reconnaître les espèces d’oiseaux d’après leur cri, leur manière de voler, la forme des oiseaux en vol, leur taille, leur couleur, la position des oiseaux dans le groupe…»
«Là, quinze pinsons et six linottes! » Derrière nous, Joëlle continue à noter. «Soixante pigeons ramiers ».
Louis regrette: «Avant votre arrivée, on a eu beaucoup de passage. Et hier aussi. Joëlle avait du mal à tout noter en même temps ! Pour le moment, c’est calme. Parfois, on a des centaines d’oiseaux qui passent en même temps, à 180 ° devant nous. Alors, on se divise le ciel pour faire une estimation la plus juste possible. Bien sûr, on n’est jamais sûrs, mais on le fait sérieusement pour avoir des chiffres les plus justes possible.»
Des grues!
Tout à coup, René pointe l’horizon. Jumelles, appareils photo et cris d’émerveillement. «Ce sont des grues cendrées! Les premières de la saison! » Jean-Marie ajoute un téléobjectif supplémentaire à son appareil photo pour pouvoir agrandir encore plus les oiseaux qui sont loin. Et puis il compte sur l’écran de son appareil: «Un peu moins de 150. Je les recompterai sur l’ordinateur à la maison».
Les observations se poursuivent dans la bonne humeur tandis qu’on repart. « Là, un faucon! »