Yan avait 13 ans, il est mort et s’est réveillé dans son cercueil. Mais tout le monde a cette peur, non? Horrible!!! Rassurez les lecteurs du JDE, c’est impossible, n’est-ce pas?

Jocelyn: Hahaha! Évidemment, ce n’est pas possible après un séjour d’un an. Les zombies sont des créatures qui plaisent à notre imagination, mais qu’heureusement on ne croise pas dans la rue. Par contre, j’ai appris que des victimes de la grippe espagnole au Québec avaient été enterrées vivantes et qu'elles frappaient leur cercueil.

Dites, mais la mort, ça pourrait vous faire rire (en vrai)?

Je ne rigole absolument pas avec la mort. La mort m’effraie, comme tout un chacun, je crois. Mais c’est un de mes thèmes de prédilection. La fiction m’aide à conjurer mon angoisse de la fin. Et puis, je me dis: tant qu’à mourir un jour, aussi bien s’en amuser un peu!

À la place de Yann, en ouvrant les yeux, quelles seraient vos premières pensées?

Je serais heureux, je crois. Confus aussi, c’est sûr. Et je ferais exactement comme lui, c’est-à-dire que j’essaierais de retrouver mes proches, les êtres chers. Mais tout comme lui, j’appréhenderais drôlement leurs réactions.

Cette BD est tirée d’un roman que vous avez écrit. En faire une BD vous a permis de dire autre chose?

Je ne sais pas, mais ça m’a permis de continuer cette histoire que j’adore et qui m’éclate. Au départ, je voulais faire une série de livres, mais mon éditeur n’était pas très chaud à l’idée. C’est pourquoi les aventures de Yan le zombie tiennent en un seul volume. Maintenant, avec la BD, je peux aller plus loin avec les personnages, aller plus loin dans les situations insolites que vit mon héros d’outre-tombe. J’ai envie de scénariser autant d’albums que les lecteurs voudront bien en lire.

Montrer la mort, c’est facile? Yan est assez «trash» dans son apparence. L’éditeur justement a-t-il été rapidement d’accord de montrer Yan décharné?

Oui, l’éditeur trouvait original et intéressant de montrer un héros arborant une apparence repoussante. Et puis, le dessinateur, Pascal Colpron, est si doué qu’il a réussi à rendre notre mort-vivant réellement sympathique. Je pense qu’il est important de la montrer, la mort, d’en parler, car elle est au centre de nos existences. C’est elle qui nous attend à la fin de la grande aventure humaine.

La famille d’Yan va-t-elle le voir dans le second tome? C’est un rêve de retrouver quelqu’un d’aimé alors qu’il était mort. Mais le mort-vivant quel prix paie-t-il? Va-t-il pouvoir se réinsérer dans la vie?

Oh, je ne crois pas que je peux répondre à ces questions! Je ne voudrais pas vendre de «punchs» pour la suite des aventures de Yan. Yan se trouve dans une situation paradoxale et difficile à vivre, car il a ressuscité d’une certaine façon, mais il demeure bel et bien mort. Il se trouve dans un entre-deux déchirant. Il n’a pas l’impression d’avoir sa place dans le monde. Allez, je vous en dis un peu… oui, Yan retrouvera sa famille (mais ça ne se passera sans doute pas comme il l’espérerait).

Dur d’être un mort-vivant par les temps qui courent!