C’est quoi l’immersion? «C’est apprendre les langues différemment. Pas seulement aux cours de langues mais aussi dans des cours de math ou de sciences par exemple» explique Laurence Mettewie, chercheuse à l’université de Namur.

«Nous avons interrogé les élèves, mais aussi les parents, les enseignants et les directions d’école, précise Fanny Meunier, une chercheuse de l’université de Louvain-la-Neuve. Et nous les avons interrogés de différentes manières, à différentes reprises durant deux ans. Par exemple, tous sont venus à Louvain-la-Neuve faire des tests cognitifs (de connaissances et de raisonnement) sur ordinateur. On a récolté, aussi, des informations par exemple sur leur motivation (leur envie d’apprendre).»

Que constate-t-on?

«On note que les élèves en immersion ont un meilleur niveau dans la langue qu’ils apprennent (néerlandais ou anglais), dit Laurence Mettewie. Et l’on constate qu’ils maîtrisent le français au moins aussi bien que les autres élèves qui ne sont pas en immersion, que ce soit en primaire ou en secondaire. On se rend compte qu’ils sont plus motivés, principalement dans le secondaire et pour le néerlandais. Et surtout, ils ont l’image d’une langue plus attrayante et plus facile à apprendre que les élèves qui sont dans l’enseignement traditionnel.

Par contre, si l’on dit parfois que l’immersion permet aux élèves de réfléchir mieux ou différemment, nous n’avons pas pu retrouver cela dans les mesures que nous avons obtenues.»

Fanny Meunier explique aussi avoir pu constater, qu’au-delà du système (immersion ou pas), ce qui compte le plus, c’est l’envie, la motivation et le travail. «Et surtout les enfants, en particulier dans le primaire, ne doivent pas avoir peur de s’exprimer. C’est comme lorsque l’on veut apprendre à faire du roller, ce n’est pas en regardant que l’on va bien apprendre.»

Et pour ceux qui ne sont pas en immersion?

«On conseille, dit Laurence Mettewie, d’avoir le plus de contacts possible avec la langue dans la classe ou en dehors de la classe.

Il faut que les élèves utilisent le maximum du temps la langue à apprendre. Et qu’ils le fassent de différentes manières, dans des situations concrètes et naturelles, en faisant des choses. Donc pas que des listes de mots de vocabulaire à apprendre et pas que des règles de grammaire.

Mieux vaut utiliser la langue vraiment pour faire des tâches et pour avoir des contacts en dehors de la classe avec, par exemple, des écoles partenaires lors d’échanges linguistiques.

Et si les enfants se rendent, par exemple, à la côte belge, qu’ils n’hésitent pas à commander leur glace en néerlandais! Ou bien qu’ils regardent des dessins animés en néerlandais ou en anglais. Ils peuvent aussi chercher un stage de sport en néerlandais.Cela augmentera leur plaisir d’apprendre.»

Fanny Meunier: «On peut commencer l’immersion en secondaire, même si on ne l’a pas fait en primaire. Ce n’est jamais trop tard! On ne doit pas être doué en langues, ni avoir des parents qui pratiquent eux-mêmes la langue. On se débrouille en classe avec les copains et l’enseignant.»