Le Soudan est à un tournant de son histoire.

Pendant trente ans, Omar el-Bechir a dirigé ce pays d’Afrique avec force. C’était un dictateur (il dirigeait d’une main de fer, sans laisser aucune liberté à la population, aux journalistes, aux gens qui voudraient faire de la politique autrement…). En décembre dernier, quand le prix du pain a triplé, la population a commencé à manifester. Le 11 avril, l’armée a pris les commandes du pays et le président Bechir a été arrêté. Le général Burhane a pris la tête du pays en attendant des élections.

Mais depuis avril, les manifestations continuent à Khartoum, la capitale. Les manifestants, réunis dans un groupe appelé Alliance pour la liberté et le changement (ALC), réclament que le pouvoir soit confié aux civils (aux non-militaires). Des rencontres ont eu lieu entre les militaires et l’ALC pour organiser la transition vers un nouveau fonctionnement du pays. Ils ont d’abord signé un accord pour une période de transition de trois ans. Mais quand il a fallu préciser comment partager le pouvoir pendant ces trois ans, les négociations se sont compliquées.

Tensions et violences

Au fil des semaines, les tensions ont monté. Les 28 et 29 mai, des Soudanais mécontents du pouvoir militaire ont fait grève (refusé de travailler). Le 31 mai, des islamistes, qui veulent que la charia (loi islamique) reste appliquée, ont manifesté leur soutien à l’armée.

L’ALC, elle, restait installée devant le quartier militaire pour continuer à demander que l’armée quitte le pouvoir. Mais le 3 juin, l’armée a dispersé ces manifestants. Avec l’aide des redoutables milices armées du RSF (forces de soutien rapide), elles ont utilisé la violence. Au moins 60 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres ont été blessées. Malgré ces violences, les opposants restent mobilisés (actifs).

Le Conseil militaire au pouvoir prétend qu’il n’y a pas eu de violence à Khartoum. Après avoir annulé les mesures sur lesquelles il s’était mis d’accord avec l’ALC, le Conseil militaire a annoncé être ouvert à de nouvelles négociations.