Abdourahmane Ba travaille pour Handicap International au Sénégal. Il est chef des opérations de déminage en Casamance, la région du sud du pays. «Je suis né en Casamance et je veux participer à la lutte contre ce fléau, explique-t-il. J’ai des amis qui ont été victimes de mines. Je comprends un petit peu leur souffrance, l’impact sur leur famille…»

Dans les années 1980 et 1990, une guerre a eu lieu en Casamance. Elle opposait l’armée à des rebelles (groupes d’opposants armés). Lors de ce conflit, l’armée sénégalaise et les groupes armés ont posé des mines dans le sol, sur des pistes, des chemins, dans des cours d’école, des champs…

C’est en 1992 que les premiers accidents ont eu lieu. Des mines ont explosé et blessé des personnes. Plus de 630 Sénégalais ont été touchés. Ils ont eu des éclats de mine dans le corps ou ont perdu un membre (un bras, une jambe, un pied…). C’est une situation terrible pour les victimes, leur famille… Mais il y a aussi des conséquences plus larges: la peur, l’impossibilité de cultiver des terres ou d’utiliser des chemins qui sont peut-être minés, par exemple. Des populations, déplacées pendant la guerre, n’osent pas revenir dans leur village, notamment à cause des mines…

Où sont les mines?

La Casamance fait environ 30 000 km2 (presque la taille de la Belgique). Fort heureusement, une petite partie seulement de la région est touchée par des mines. Mais comment savoir où sont cachés ces explosifs?

«On commence par rencontrer la population, explique Abdourahmane. On recueille des témoignages et des preuves (par exemple, il y a des blessés).»

Ensuite, une équipe de démineurs peut se rendre sur place avec l’accord des autorités. Les démineurs sont évidemment équipés d’une tenue spéciale qui les protège en cas d’explosion. Ils utilisent des détecteurs de métal. «Si le détecteur décèle du métal dans le sol, le démineur doit employer une sonde, sorte de tige qu’il doit incliner selon un angle précis, pour vérifier si c’est une mine ou un autre objet. Il prend ensuite une pelle et enlève l’engin. Pour certaines mines, on doit tirer l’engin en se tenant à distance, pour ne pas qu’elles explosent.»

Depuis 2009, l’équipe de déminage a également une énorme machine, la Digger. Elle retourne le sol, ce qui permet de faire sauter sans dégâts des mines antipersonnel ou de les faire remonter à la surface pour les voir plus facilement. Mais cette machine devient vieille. Elle connaît de nombreuses pannes et est de moins en moins efficace. On en revient donc souvent à des opérations menées par une quinzaine de démineurs. Ils doivent fouiller la végétation qui a envahi les zones contaminées depuis près de 30 ans. Un véritable travail de fourmi…