Depuis huit ans, une guerre déchire la Syrie (pays sur la côte à l’est de la Méditerranée). Pendant des années, un groupe a grandi en Syrie et en Irak, avec pour objectif de créer un État islamique, où tout serait basé sur une lecture radicale, extrême, des règles de la religion musulmane. Ce groupe, Daesh, a notamment utilisé Internet et les réseaux sociaux pour diffuser ses idées et recruter des hommes, des femmes et des jeunes dans le monde entier. Des milliers de gens sont allés se battre pour Daesh en Syrie et en Irak. Finalement, Daesh a perdu et n’a plus de véritable territoire sous son contrôle. Mais beaucoup de combattants étrangers et leurs familles sont encore sur place. Ils vivent notamment avec des réfugiés, dans des camps, au nord-est de la Syrie. Bernard Devos, délégué général aux droits de l’enfant en Belgique, vient d’aller voir des jeunes Belges sur place. Nous lui avons posé quelques questions.

Combien y a-t-il d’enfants belges en Syrie?

L’OCAM (organe de coordination pour l’analyse de la menace, en Belgique) estime qu’il y a eu, à un moment, 160 enfants. Certains sont rentrés il y a quelques années. Certains sont sans doute décédés. Il y a moins de 50 enfants localisés dans les trois principaux camps au nord-est de la Syrie. 38 d’entre eux auraient moins de 5 ans. La majorité sont nés sur place, les autres sont partis là-bas quand leurs parents sont allés faire le djihad (faire la guerre).

Pourquoi ne reviennent-ils pas en Belgique?

Tout est fermé, ils ne peuvent pas sortir des camps et du pays.

Dans quelles conditions vivent-ils?

Dans le camp d’Al-Hol, par exemple, il y a 80 000 personnes. Elles vivent sous tente, avec peu d’eau et de nourriture, des chaleurs pour le moment de 43-44°C à l’ombre et 30°C la nuit. Ce sont des conditions de vie démentes.

Six jeunes Belges ont été ramenés en Belgique le 14 juin. Et les autres?

Je pense qu’il faut qu’ils rentrent au plus vite car ils sont en danger de mort. On a trois enfants belges qui sont déjà décédés. Dans le camp de Al-Hol, pour les trois premiers mois de l’année, plus de 250 enfants sont morts. Il y a des incendies tous les jours dans ce camp, des bouteilles de gaz qui explosent avec la chaleur…

Certaines personnes sont opposées au retour de ces enfants. Pourquoi?

Parce qu’elles sont mal informées. Elles ont peur de faire revenir des jeunes radicalisés . Mais les enfants belges sont peu nombreux et la plupart sont très jeunes. Et puis, au retour en Belgique, ils sont pris en charge et suivis par les services d’aide à la jeunesse.