C’est à l’heure de la récréation que nous arrivons à l’école de Rufisque, près de Dakar (capitale du Sénégal). Dans la cour couverte de sable, les 642 élèves de l’école jouent, sautent à l’élastique…

Cette école accueille des enfants de 6 à 14 ans dont une cinquantaine qui souffrent de problèmes de déficience visuelle, auditive, nous explique le directeur. Grâce à l’aide de Handicap International, un médecin est venu rencontrer les enfants pour détecter ceux qui avaient besoin d’une aide. Chez certains, la solution sera une paire de lunettes. Mais pour des enfants qui entendent mal, voire pas du tout, un projet plus important est mis en place depuis 2015.

La langue des signes

La récréation est finie et nous découvrons plusieurs classes. Dans celle de madame Faye, il y a 45 élèves dont 5 sourds. Madame Faye donne cours en français et en langue des signes (langage où les lettres et les mots sont communiqués par gestes). Une assistante à la vie scolaire est là pour aider les enfants sourds, vérifier qu’ils comprennent, répondre…

Dans cette école, nous rencontrons Pierre, 11 ans, sourd après une méningite (maladie qui attaque le cerveau) quand il avait six mois. Il fréquente cette école depuis trois ans, et c’est ici qu’il a appris la langue des signes. Ses parents ont pu, eux aussi, apprendre la langue des signes à l’école. La communication devient plus facile à la maison…

Djakher, elle, est devenue sourde à 4 ans. Elle a d’abord fréquenté une école de son quartier mais ça ne fonctionnait pas puisqu’elle n’entendait rien. Aujourd’hui, avec le projet d’école inclusive – qui accueille des enfants avec ou sans déficience (limite, fragilité physique) – elle peut suivre les cours, comprend et s’exprime mieux. Elle a même de très bons résultats! Dans cette école, plusieurs enfants sourds sont d’ailleurs premiers de classe…

D’autres handicaps

Nous voilà à Ziguinchor, en Casamance (région du sud du Sénégal). À l’école El Hadji Omar Ndiaye, il y a 537 élèves de 6 à 14 ans, répartis en seulement 10 classes. Trois des classes sont inclusives. Au milieu des autres enfants, elles accueillent des enfants vivant avec une déficience: surdité, trisomie, autisme, handicap moteur (difficultés pour se déplacer ou exécuter des mouvements). Ici aussi, Handicap International a organisé une action de dépistage (pour déceler les problèmes).

Le directeur, Dominique Campal, explique que le projet d’inclusion avec la langue des signes est important pour les élèves sourds: «Ces enfants étaient laissés aux parents. Dans la région, il n’y a aucune école pour sourds.» Au-delà des cours donnés en langue des signes, une autre aide est prévue: les AVS (assistants de vie scolaire) vont chez les enfants pour du soutien scolaire.

Les parents commencent à connaître l’existence du projet et viennent inscrire leur enfant sourd ici, pour qu’il puisse aller à l’école. Cela permet aux petits d’apprendre à lire, écrire, compter, bien sûr. Mais ça leur permet aussi de sortir de chez eux, de rencontrer d’autres enfants, de se socialiser (tisser des liens avec d’autres). C’est aussi très important!