Mêler des enfants qui ont un handicap au milieu d’autres enfants, c’est une idée qui n’est pas si facile à faire accepter dans certains endroits. Chez Djakher, on nous explique : «Chez nous, avoir un handicap, c’est un peu comme une malédiction divine. L’enfant est parfois rejeté, considéré comme un démon, et il arrive même que sa mère ou la famille ait des problèmes graves. Souvent, on apprend à l’enfant handicapé qu’il ne pourra rien faire. L’enfant reste parfois caché à la maison.»

HI (Handicap International) essaie de faire changer les mentalités en montrant des exemples d’enfants handicapés qui sont allés à l’école et réussissent. Elle aide financièrement les familles à assurer les transports, à acheter des fournitures scolaires ou à prendre en charge des frais médicaux ou des équipements nécessaires.

Changer la mentalité

Monsieur Campal, directeur de l’école de Ziguinchor, souligne: «Nous voulons que les enfants s’acceptent malgré leurs différences, que le regard sur le handicap change. Les parents d’enfants handicapés sont organisés en cellule (groupe) pour informer et sensibiliser les gens

Madame Ndiaye, présidente de cette association de parents, est pleine d’énergie. Près de son petit étalage, en bord de route, elle nous parle de sa fille, devenue sourde après avoir été très malade d’une méningite en 2012. «Un enfant malade peut devenir quelqu’un de bien demain. Il ne peut pas être négligé et abandonné. Il a le droit d’être scolarisé. C’est ce que nous disons. On a convoqué les imams (chefs religieux musulmans) du coin pour qu’ils encouragent à faire sortir les enfants handicapés de leur maison. On leur explique l’école inclusive. On va aussi rendre visite à des familles dont on sait qu’elles ont un enfant handicapé. On anime des émissions à la radio. Le papa de Fatoumata, chez qui vous êtes allés, parle beaucoup à la radio.»

L’école ou la marmite

Bien sûr, informer est un début mais ça ne suffit pas toujours. «Si une mère souffre de malnutrition, si elle a des problèmes d’argent graves, elle préfère envoyer son enfant mendier. En cas de pauvreté extrême, la scolarisation de l’enfant n’est pas la priorité, ce qui compte, c’est la marmite. Il faut alors aider la famille à être dans des bonnes conditions. Les parents s’organisent donc pour s’entraider financièrement. »