Se servir des jardins des habitants pour y placer des ruches. Voilà l’idée de l’entreprise bruxelloise Habeebee.

«habibi» signifie «amour» en arabe et «bee» veut dire «abeille en anglais»

Carlos Courtois: «Au départ, on voulait installer des ruches avec des familles dans leur jardin. On trouvait que c’était une superactivité. L’apiculture est une activité assez simple, contrairement à ce que l’on aime faire croire. Les abeilles étaient là bien avant l’homme et n’ont jamais eu besoin de l’homme pour survivre. Les jardins, surtout ceux dans lesquels on n’utilise pas de pesticides, sont des beaux terrains de jeux pour les abeilles. Nous proposons une apiculture naturelle, qui laisse le miel aux abeilles. Elles en ont besoin. Ceci dit, l’abeille prévoit aussi des réserves, de 2 à 8 kg par an, et ce surplus, nous le laissons à la famille qui a accueilli la ruche. Ce sont des petites quantités, faciles à extraire et ça peut se faire dans une cuisine avec du matériel rudimentaire (de base). Il ne faut pas acheter d’extracteur.»

Et la cire?

Quand la jeune abeille grandit, certaines glandes se développent sur son abdomen, notamment celle qui fabrique la cire. Cela veut dire que l’abeille peut alors commencer à devenir constructrice. La cire est très utile pour la ruche, elle permet de créer ces alvéoles hexagonales (à six côtés), des petites cavités, qui s’emboîtent sans laisser le moindre espace car il ne doit y avoir aucune place perdue dans une ruche. C’est dans ces alvéoles que les abeilles vont pouvoir stocker leur nourriture (miel, pollen) et faire grandir leurs larves.

Au départ, la cire est limpide et incolore, elle devient opaque après la mastication et le mélange avec du pollen par les abeilles ouvrières de la ruche. Elle acquiert progressivement une couleur plus jaune ou brune par l’incorporation d’huiles de pollen. C’est ainsi aussi qu’elle est rendue plus souple et plus malléable.

Habeebee propose aux familles, qui achètent la ruche, de prélever la cire. «En prélevant chaque année la cire, explique Carlos Courtois, on va stimuler les abeilles à refaire la cire, à donc assainir la ruche, la nettoyer. C’est ce qui se fait dans la nature, la cire n’est pas éternelle. Au printemps, on place dans la ruche des barrettes en bois et c’est là-dessus que les abeilles vont faire de la cire.»

Habeebee a créé sa propre ruche sur base du modèle de la ruche kényane (le Kenya est un pays d’Afrique), une ruche horizontale. C’est une sorte de coffre de bois.

«Cette ruche possède une vitre. Cela permet de voir et donc d’intervenir le moins possible pour ne pas perturber la colonie.»

Ceux qui décident d’acheter une ruche doivent suivre une formation d’un an, encadrée par l’équipe d’Habeebee. Ils apprendront à installer leur ruche et à bien s’en occuper.

Les vertus de la cire

La cire est une substance réparatrice pour la peau. Habeebee utilise cet ingrédient magique pour fabriquer des produits cosmétiques, comme des savons, des crèmes hydratantes ou des baumes. Elle crée aussi des emballages réutilisables à la cire d’abeille, qu’elle recire gratuitement par la suite. Elle pratique la saponification (réaction chimique qui permet la fabrication du savon) à froid: «Cela signifie que la cire est fondue à 65 degrés. On procède à une décantation, cela veut dire que les impuretés tombent dans le fond de la cuve. On répète l’opération jusqu’à obtenir une cire très pure. On en fait des paillettes. Que contient le savon? On y met de l’huile d’olive, du beurre de karité et de l’huile de coco. La cire d’abeille, il faut en mettre très peu, environ 8 %., c’est elle qui donne la structure au savon.»

Le séchage du savon se fait à l’air libre pendant cinq semaines. Les «habeebeeculteurs» peuvent alors acquérir à prix réduit une série de produits à base de cire, naturels et belges. Au final, c’est un peu grâce à eux que ces cosmétiques existent, non?