Depuis l’été dernier, les forestiers (personnes qui exploitent le bois en forêt) sont inquiets. Les épicéas sont attaqués par des petits insectes xylophages (qui se nourrissent de bois), appelés scolytes. Ils se nourrissent de la couche de bois située sous l’écorce, et utilisent l’arbre pour se reproduire.

Reproduction

Les mâles pénètrent sous l’écorce des épicéas et creusent une petite niche. Logés là, ils émettent des phéromones (sortes de substances chimiques) qui attirent d’autres individus, mâles et femelles sur l’arbre. Les femelles, fécondées par les mâles, creusent à leur tour des galeries dans le bois pour y pondre leurs œufs. Les larves, qui éclosent (naissent), forent aussi dans le bois où elles se développent jusqu’au stade adulte. Les jeunes adultes quittent l’arbre par des trous creusés dans l’écorce. Un épicéa attaqué par les scolytes est condamné. Il dépérit (s’affaiblit peu à peu) et finit par mourir.

Les scolytes se reproduisent lorsque les températures dépassent 15 °C (entre avril et octobre). Normalement, ils ne s’attaquent pas aux arbres en bonne santé. Ils s’installent dans des épicéas déracinés (tombés après une tempête par exemple) ou dans des arbres affaiblis. De mauvaises conditions climatiques (tempête, sécheresse), des maladies… peuvent fragiliser les arbres.

En conditions normales, le scolyte produit généralement deux générations d’insectes par an (il y a deux cycles de reproduction par an). Mais quand les conditions lui sont favorables (saisons chaudes et sèches, présence de nombreux arbres affaiblis…), le scolyte peut produire trois générations d’insectes par an. Dans ce cas, les populations explosent et, quand ils sont trop nombreux, les scolytes peuvent s’attaquer aux épicéas sains (en bonne santé).

2018: les scolytes pullulent

C’est ce qui s’est passé en 2018. La reproduction des scolytes a été favorisée par la chaleur qu’on a connue et par l’augmentation du nombre d’arbres affaiblis par la sécheresse. Résultat: les populations d’insectes ont explosé et des épicéas sains ont été attaqués.

Durant l’hiver, les insectes ont hiverné (se sont endormis) sous l’écorce ou dans la litière (la couche de débris de végétaux présente sur le sol) au pied des arbres. Comme l’hiver n’a pas été très froid, beaucoup ont survécu. Au printemps, dès que les températures vont se mettre à augmenter, les scolytes vont se réveiller et se reproduire. Les forestiers s’attendent à de nouvelles attaques sur les épicéas.

Que faire? Durant tout l’hiver, les forestiers ont travaillé dur pour débarrasser la forêt des arbres touchés. Car, le seul moyen de protéger les épicéas d’une attaque est de repérer les arbres attaqués, de les couper et de les sortir de la forêt avant que les insectes aient le temps de se reproduire.

Les épicéas touchés devaient idéalement être évacués (sortis) des forêts pour le 31 mars. Ces insectes compliquent le travail des forestiers et leur font perdre de l’argent. Si le bois attaqué par les scolytes n’est pas trop abîmé, ils peuvent le vendre mais il ne vaut pas aussi cher que le bois sain.

Repérer tous les épicéas attaqués est difficile. Or, un arbre touché peut donner naissance à plusieurs dizaines de milliers de nouveaux insectes.